DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
+12
ninon
H&N
lea20
July5454
Sylvie
Nia64
Volcania59
maria1969
Kimmy
prupru
sandrineL
Madeleine lover
16 participants
Page 5 sur 7
Page 5 sur 7 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Laly est géniale, je l'adore, elle anime tes chapitres d'une manière drôle, les enfants animent tes chapitres de manière touchante, j'adore.
Chris est adorable envers ses amis !
Julien m'a tué de rire quand il ouvre la porte et dit "elle m'a poussé !"
Un chapitre formidable, une fois encore, que c'est beau !!!!
Chris est adorable envers ses amis !
Julien m'a tué de rire quand il ouvre la porte et dit "elle m'a poussé !"
Un chapitre formidable, une fois encore, que c'est beau !!!!
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Quel plaisir de te lire
Grâce à Laly, les garçons prennent leur courage à deux mains pour aller retrouver leur dulcinée et sont accueillis à bras ouverts
Bravo aussi à Julien
Christian semble revivre aussi!
Grâce à Laly, les garçons prennent leur courage à deux mains pour aller retrouver leur dulcinée et sont accueillis à bras ouverts
Bravo aussi à Julien
Christian semble revivre aussi!
Kimmy- Pilier du forum
- Nombre de messages : 12826
Age : 43
Couple préféré : Johanna/Cricri, Jojo's, Cathy/Etienne
Loisirs : #ROCHELLE SUPPORT TEAM#
Date d'inscription : 18/04/2007
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Tout va bien pour Bene et Jose et aussi pour Nicolas et Helene et ca fait plaisir a lire. Christian va aussi mieux, mais c'est certain que ca sera dur pour lui. Belle conversation entre lui et ses amis.
maria1969- Diplomé ABédien
- Nombre de messages : 389
Date d'inscription : 09/12/2012
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
les choses avancent entre HN et José et Béné. Comme tu l'as écrit, la "maison du bohneur" porte enfin bien son nom.
Nia64- Incoll-AB
-
Nombre de messages : 3025
Age : 39
Localisation : Pays Basque Saint Etienne de Baïgorry/Saint Jean Pied de Port
Couple préféré : Héléne/Nicolas José/Benedicte JoJo/CriCri Jeanne/Peter Nicky/Léa Cathy/Etienne Christian/Fanny
Loisirs : lecture, animaux, tennis , rugby, forumer, loto
Date d'inscription : 01/09/2014
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Une suite !!
Un peu de répit, avant de nouvelles péripéties !
Merci de suivre cette histoire, encore et toujours !
Belle lecture !
15.
Il est heureux. Ses mains tremblent, son estomac est nauséeux, ses yeux rougis par le soleil qu'il n'a pas vu depuis si longtemps, dont il n'a pas profité depuis des années. Mais il est heureux.
Il sourit, ferme les yeux, laisse la lumière réchauffer ses joues, ses paupières, ses lèvres, entend les enfants rire, jouer, chanter. Sent les odeurs de cafés se mélanger avec la tarte aux pommes de Cathy, le fondant de Laly, le Tiramisu des garçons et la quiche de Béné.
Son sourire s'agrandit, alors qu'une douce brise vient jouer dans les herbes hautes.
Elle est là, il le sait, sent son regard bienveillant, peut presque voir ce sourire qu'elle lui réserve toujours, seulement pour lui.
C'est ça qui fait sa beauté aussi, ses attentions qu'elle a pour chacun et pour tous. Comme si tous étaient singuliers. Il le voit dans chacun des enfants qu'elle a pris sous son aile, comment ils ont tous une place particulière. Un univers propre.
Comment ils évoluent à leur propre rythme sous le toit de cette maison qu'elle a façonné. Avec amour ; Avec tendresse. Avec volonté. Avec Johanna.
Elle s'assoit à coté de lui, silencieuse et souriante.
Il rit doucement.
_Déjà marre de Vernier ? Il demande.
Elle secoue la tête ne prend pas le temps de partager un regard avec lui.
_Jamais...
Il sourit. Laisse le silence bercer leur compagnie avant de sentir sa main qui saisit la sienne.
_Je suis heureuse que tu sois là. Elle dit simplement.
_Je suis heureux d'être là... Il assure à son tour. Même si je n'avais aucune idée que cet endroit existait...
Elle rit un peu, avoue.
_Eux aussi ne savait pas qu'on était là... C'est juste... La chance.
_Ou notre petite étoile.
_Ou notre petite étoile...
Christian soupire, serre la main de la jeune femme avant de demander cette question qui hante leurs mémoires, à tous.
_Comment on a fait Hélène ? Comment on en est arrivé à ne plus s'aimer... A...
_On n'a jamais cessé de s'aimer. Elle l'interrompt. On avait juste du mal à s'apprécier...
Il rit vraiment. Elle aussi.
_Peut-être, mais pourquoi ?... Il insiste en sortant de sa poche une photo froissée.
C'est la même que celle de Nicolas. Celle de la plage. Ils en avaient tous fait une copie à l'époque, heureux et euphoriques d'être un tout, un ensemble, une tribu.
Son exemplaire à elle est coincé sous le socle de sa lampe de chevet. Pour les soirs où tout va mal. Quand elle a besoin de se souvenir des jours merveilleux. Des jours comme celui de ce papier glacé.
Elle commence par caresser son visage souriant, perdu dans les yeux de celui qu'elle aime depuis toujours. Et ce rire qu'elle partage avec lui. Un rire immense. Insouciant aussi. Elle voit Jeanne ensuite et son ventre arrondi, elle ne s'y attarde pas, à regrets laisse dans un mouvement de paupières Rudy et son sourire fier, son pouce caresse le sourire de Nicolas avant de venir directement sur la silhouette de Johanna.
Belle, grande, pleine de vie.
Il est si difficile, parfois de se souvenir d'elle en ces termes. Elle retient une larme. Ce n'est pas le jour, aujourd'hui est un jour gai, un jour de danse, de musique et de joie.
_On était bien... Fait la voix de Christian, la sortant de ses pensées.
_Oui, on était bien...
_Et puis soudain...
_Plus rien. Elle confirme.
_Plus rien.
Il y a le silence et plus loin les rires de Tara et Paco.
Ils respirent de nouveau, se laissent embarquer dans ce présent plus simple.
_Je serais resté avec elle, si elle me l'avait dit, je...j'aurais été fort...
_Elle le savait. Assure Hélène. Je crois que c'est pour ça qu'elle est partie. Elle savait que tu resterais et le cancer plus le fait qu'elle ne pourrait pas te donner d'enfants, je crois que c'était trop pour elle. Elle voulait rester Johanna pour toi... Pour toujours.
Il rit. Amer.
_Pour toujours...
Elle comprend, serre sa main.
_Il y a quelque chose que je dois te montrer, pas maintenant, il va falloir que je rassemble la troupe, mais ce soir... Avec les enfants.
Il la regarde, se demande quel secret elle va encore lui dévoiler, approuve silencieusement.
_Mais, Nico, José, Béné, Laly... Qu'est-ce qui vous a …
_Brisé ? Elle termine pour lui.
_Ouais...
Elle soupire. Se plonge de nouveau dans ses souvenirs lointains. Vieux d'un peu plus de dix ans.
Qu'est-ce qui les avait séparés ? Brouillé ? Brisé ?
Tout et finalement rien.
Une suite de petits pas grand-chose.
La vie parisienne et son rythme infernal.
Les obligations de chacun.
Les premières annulations aux repas hebdomadaires, puis les secondes, puis finalement la fin définitive de la tradition.
L'atmosphère étrange d'un café partagé devant le ventre de Jeanne qui s'arrondit, le sourit de Nicolas qui s'agrandit et ses doutes à elle qui s'amplifient sous le poids de la rumeur murmurée aux Antilles.
Les reproches de Laly à José quand elle le soupçonne une fois de trop d'être tombé dans d'autres draps que ceux de Bénédicte.
Bénédicte justement qui reste sourde aux conseils de ses amies. Qui veut y croire. Qui se voile la face.
Et puis comme ça, à la va-vite on se perd de vue.
Parce qu'on a émis un doute.
Parce qu'on a crié.
Parce qu'on a blessé.
On s'éloigne et on balaye d'une crise de nerf quinze ans d'amitié.
Heureusement parfois en balayant on oublie quelques miettes.
Pour eux c'est beaucoup de photos, beaucoup de chansons, quelques accords et l'écho de leurs rires, de leurs confidences, de leurs déclarations.
Ils ont bâclé leurs adieux.
Ils vont prendre soin de leurs retrouvailles.
_ On a oublié comment s'aimer... Explique finalement Hélène.
Il la regarde, l'écoute.
_Pas les uns les autres, on s'aimera toujours, mais en tant que groupe. On a laissé nos égos, nos problèmes prendre le dessus sur la qualité de nos liens ; Et finalement ça les a gommés...
_Gommer ?
Elle hoche la tête, sourit largement, se lève, balaye l'herbe restée sur son pantalon avant de lui tendre la main.
_Tu sais ce qui est bien avec la gomme ?
Il secoue la tête, attrape sa main, se relève.
_C'est que ça laisse toujours des traces...
Il rit, la suit vers les chevaliers, les danseurs et les gourmands qui sortent tour à tour de l'immense maison, à coup de rires, de cris et d'anxiété. Le reste des filles rassurent, canalisent, tendent les mains. Les garçons font de même tout en essayant de ne pas faire tomber les quiches, les gâteaux et les accessoires oubliés sous les pas pressés.
Et là, juste là, sous le soleil chaud de cette fin juin. Sous les couleurs pastelles de cette campagne oubliées, il comprend tout ce qu'elle voulait dire.
Il voit les sourires qui se communiquent, et les rides qui en découlent, il entend les blagues, écoute les remontrances gentilles, regarde les caresses qu'on distribue avec facilité, avec sincérité, il sent la bienveillance, partout, celle qu'ils avaient oublié, qu'il avaient gommé et que doucement avec précision, avec soin ils retracent à la plume.
Il voit tout ça, soupire de contentement et quand elle l'abandonne pour rejoindre son amour de toujours, sa main à lui ne tremble plus.
Le spectacle est fini. Il coupe le caméscope un sourire toujours sur le visage.Il avait oublié la tendresse de ces après-midi. Depuis que Jeanne avait voulu inscrire Elias dans une école privée, il avait le droit à une chorale à Noël et une autre en fin d'année, mais jamais à un spectacle d'une telle envergure.
Un spectacle où on a appris les chorégraphies trop vite en trop peu de temps, où le papier mâché des décors se décolle sous les différences de température. Où les enfants déguisés en calamar, en péruvien ou en chevalier nomade arrêtent leurs gestes pour saluer un père, une mère, un oncle. Où les chansons sont encore passées sur des cassettes dont les bandes fatiguées sautent parfois laissant derrière elles les rires de la foule.
Il avait oublié et il se laisse entrainer par le mouvement de l'après-midi. Il observe la cour grouillant de gamins excités, déguisés, enjoués. Des enfants libres, voguant vers les stands de la petite kermesse, les joues rougies, les yeux pétillants, les bouches couvertes de sucre et de chocolat vestiges des crêpes de Christine, avalées à la va-vite.
Il voit Tara brandir son épée de carton quand elle gagne pour la troisième fois consécutive au chamboule tout, Paco et Gabi à côté d'elle, récoltant ses prix. Sur un autre stand il trouve Alice et Léa, en train d'essayer de négocier une partie gratuite, plus loin Julien, Jack et Diego se lancent dans le commerce de livraison de hot-dog, des sourires immenses sur le visage alors qu'ils naviguent dans la foule, du pain, des saucisses et des sauces plein les bras.
Il voit aussi les regards des autres, de ceux qui ne comprennent pas ce qu'ils sont, de ces gens qui gardent leurs enfants à l'écart de peur que ces gamins leur transmettent le virus de la liberté. Du bonheur.
Il voit le jugement. Les soupirs de désaccords, les messes-basses de ceux qui restent ancrés aux valeurs d'une société bien-pensante. « Des sauvageons », « Mal éduqués » « Em même temps sans la présence d'un père. » « Jamais d'hommes... » « Bizarres ces femmes à vivre dans cette maison... »
Il entend tout, et il essaie de laisser glisser sa colère, de ne pas aller faire face à la bêtise, il se tourne, abandonne la méchanceté gratuite pour les trouver.
Eux.
Et déjà son cœur s'apaise.
Il y a José qui s'occupe des grillades aux côté de George et de Marwan son fils ainé, les trois hommes rigolent en retournant saucisses, merguez, et autres ventrèches, mais le photographe remarque les sourires en coin et le regard plein d'envie de son meilleur ami quand il regarde Bénédicte. Et voilà qu'il rit tout seul.
Les filles sont ensemble, comme à la belle époque, leurs gestes se complètent alors qu'elles servent parts de quiches, de gâteaux, verres de Coca et tickets de tombola.
Elles sont belles, resplendissantes comme au premier jour de leur rencontre. Elles se fichent des quelques regards assassins que certains leur lancent. Elles gardent un œil sur leur tribu, et sourient dans des éclats de rires sincères.
Un peu en retrait mais toujours souriant il y a Christian assit sur le petit muret baigné de soleil, il observe lui aussi, toute cette vie qu'il avait oublié, quand arrivent à ses côtés Elias tenant la main de Jolan un peu mal à l'aise avec autant de monde.
_Toi aussi tu t'demandes ce que tu fais là ? Demande le garçonnet, en s'asseyant sur le muret après avoir aider Jolan à faire de même.
Le batteur le regarde, retrouve son meilleur ami dans chacune des attitudes de l'enfant. Il rit un peu.
_Non, je profite seulement. Il répond.
Eli fronce les sourcils.
_Tu profites de quoi ?
_De la vie...
_De la vie ?
_Exactement...
A ses côtés l'enfant soupire.
_T'es un peu bizarre quand même...
_Pourquoi ? Rigole Christian.
_Parce que l'autre jour on aurait dit tu voulais carrément pas être là et maintenant t'es heureux...
_Et toi, non ?
Elias fait une moue, un peu boudeuse, un peu vaincue.
_Touché... Il murmure.
Le musicien le regarde, le voit triturer ses mains nerveusement tout en essayant de donner des sourires rassurants à Jolan.
_J'avais oublier... Lance Christian.
_Oublier ? Questionne le fils de son meilleur ami.
_La chaleur du soleil, l'odeur de l'herbe fraiche, le son des rires, la douceur de la senteur des crêpes chaudes...
Elias rit.
_Carrément bizarre... Il dit.
L'adulte rit aussi.
_Et toi qu'est-ce que t'avais oublié ?
_Le vrai rire de mon Papa... Et le temps...
_Le temps ?
_Ouais, le temps de pouvoir faire ce qu'on veut... Ma maman... Ma maman, elle prend jamais le temps... Faut toujours aller quelque part... Ici on a le temps...
Christian comprend, laisse une main balayer la chevelure brune d'Eli.
_Et pourquoi tu vas pas prendre un peu de bon temps avec les autres ?
Elias soupire, descend du muret. Jolan l'imite, attrape sa main, fait sourire son ainé.
_Si je prends trop de bonheur ici, comment je vais faire pour retourner chez Maman, ou chez Patricia et Henri ?
_C'est qui Patricia et Henri ?
_Mes grands-parent de chez ma mère. Ils sont pas vachement drôles tu vois...
Le batteur rigole.
_Et peut-être que tu pourrais rester un peu ici, tu ne penses pas ?
_Moi, tu vois, j'aimerai bien, rester un peu plus, avec Gabi et Jojo et Paco et... tout le monde.
_Un peu plus comment ?
_Un peu plus comme Maman elle va pas aimer... Parce qu'en plus, je sais pas si tu sais, mais mon Papa c'est pas mon père. C'est juste... mon Papa...mais...
_Oui, je sais.
_Et peut-être du coup, Maman elle va pas vouloir que je reste ici... Il termine.
Plus loin on entend le rire de Gabriel. Celui de Paco, puis la voix de Diego qui appelle Elias.
Le petit garçon se retourne, leur sourit, va pour les retrouver, mais la main de Christian le rattrape.
_Ton père, et ton parrain, ils sont capables de pas mal de choses tous seuls... Mais avec l'aide de ces quatre filles... Ils sont capables de tout, même de t'épargner un été pas vachement drôle.
_Vrai de vrai ? Demande Eli.
_Vrai de vrai...
Elias le regarde, lâche une seconde la main de Jolan pour lui donner une étreinte rapide avant de partir en courant vers le reste de sa troupe.
_Les gars !! On va pouvoir la construire notre cabane, parce que p'têtre bien que je vais rester !
Et les hourras des autres font sourire de plus belle le musicien sur son muret.
Une minute s'écoule, quand une ombre vient lui cacher le soleil. Il plisse les yeux, regarde l'homme debout devant lui, partage un sourire.
Et Nicolas de lui dire.
_Bienvenue à la maison.
Et quand ils se serrent la main aucune de leurs mains tremblent.
A suivre.
Un peu de répit, avant de nouvelles péripéties !
Merci de suivre cette histoire, encore et toujours !
Belle lecture !
15.
Il est heureux. Ses mains tremblent, son estomac est nauséeux, ses yeux rougis par le soleil qu'il n'a pas vu depuis si longtemps, dont il n'a pas profité depuis des années. Mais il est heureux.
Il sourit, ferme les yeux, laisse la lumière réchauffer ses joues, ses paupières, ses lèvres, entend les enfants rire, jouer, chanter. Sent les odeurs de cafés se mélanger avec la tarte aux pommes de Cathy, le fondant de Laly, le Tiramisu des garçons et la quiche de Béné.
Son sourire s'agrandit, alors qu'une douce brise vient jouer dans les herbes hautes.
Elle est là, il le sait, sent son regard bienveillant, peut presque voir ce sourire qu'elle lui réserve toujours, seulement pour lui.
C'est ça qui fait sa beauté aussi, ses attentions qu'elle a pour chacun et pour tous. Comme si tous étaient singuliers. Il le voit dans chacun des enfants qu'elle a pris sous son aile, comment ils ont tous une place particulière. Un univers propre.
Comment ils évoluent à leur propre rythme sous le toit de cette maison qu'elle a façonné. Avec amour ; Avec tendresse. Avec volonté. Avec Johanna.
Elle s'assoit à coté de lui, silencieuse et souriante.
Il rit doucement.
_Déjà marre de Vernier ? Il demande.
Elle secoue la tête ne prend pas le temps de partager un regard avec lui.
_Jamais...
Il sourit. Laisse le silence bercer leur compagnie avant de sentir sa main qui saisit la sienne.
_Je suis heureuse que tu sois là. Elle dit simplement.
_Je suis heureux d'être là... Il assure à son tour. Même si je n'avais aucune idée que cet endroit existait...
Elle rit un peu, avoue.
_Eux aussi ne savait pas qu'on était là... C'est juste... La chance.
_Ou notre petite étoile.
_Ou notre petite étoile...
Christian soupire, serre la main de la jeune femme avant de demander cette question qui hante leurs mémoires, à tous.
_Comment on a fait Hélène ? Comment on en est arrivé à ne plus s'aimer... A...
_On n'a jamais cessé de s'aimer. Elle l'interrompt. On avait juste du mal à s'apprécier...
Il rit vraiment. Elle aussi.
_Peut-être, mais pourquoi ?... Il insiste en sortant de sa poche une photo froissée.
C'est la même que celle de Nicolas. Celle de la plage. Ils en avaient tous fait une copie à l'époque, heureux et euphoriques d'être un tout, un ensemble, une tribu.
Son exemplaire à elle est coincé sous le socle de sa lampe de chevet. Pour les soirs où tout va mal. Quand elle a besoin de se souvenir des jours merveilleux. Des jours comme celui de ce papier glacé.
Elle commence par caresser son visage souriant, perdu dans les yeux de celui qu'elle aime depuis toujours. Et ce rire qu'elle partage avec lui. Un rire immense. Insouciant aussi. Elle voit Jeanne ensuite et son ventre arrondi, elle ne s'y attarde pas, à regrets laisse dans un mouvement de paupières Rudy et son sourire fier, son pouce caresse le sourire de Nicolas avant de venir directement sur la silhouette de Johanna.
Belle, grande, pleine de vie.
Il est si difficile, parfois de se souvenir d'elle en ces termes. Elle retient une larme. Ce n'est pas le jour, aujourd'hui est un jour gai, un jour de danse, de musique et de joie.
_On était bien... Fait la voix de Christian, la sortant de ses pensées.
_Oui, on était bien...
_Et puis soudain...
_Plus rien. Elle confirme.
_Plus rien.
Il y a le silence et plus loin les rires de Tara et Paco.
Ils respirent de nouveau, se laissent embarquer dans ce présent plus simple.
_Je serais resté avec elle, si elle me l'avait dit, je...j'aurais été fort...
_Elle le savait. Assure Hélène. Je crois que c'est pour ça qu'elle est partie. Elle savait que tu resterais et le cancer plus le fait qu'elle ne pourrait pas te donner d'enfants, je crois que c'était trop pour elle. Elle voulait rester Johanna pour toi... Pour toujours.
Il rit. Amer.
_Pour toujours...
Elle comprend, serre sa main.
_Il y a quelque chose que je dois te montrer, pas maintenant, il va falloir que je rassemble la troupe, mais ce soir... Avec les enfants.
Il la regarde, se demande quel secret elle va encore lui dévoiler, approuve silencieusement.
_Mais, Nico, José, Béné, Laly... Qu'est-ce qui vous a …
_Brisé ? Elle termine pour lui.
_Ouais...
Elle soupire. Se plonge de nouveau dans ses souvenirs lointains. Vieux d'un peu plus de dix ans.
Qu'est-ce qui les avait séparés ? Brouillé ? Brisé ?
Tout et finalement rien.
Une suite de petits pas grand-chose.
La vie parisienne et son rythme infernal.
Les obligations de chacun.
Les premières annulations aux repas hebdomadaires, puis les secondes, puis finalement la fin définitive de la tradition.
L'atmosphère étrange d'un café partagé devant le ventre de Jeanne qui s'arrondit, le sourit de Nicolas qui s'agrandit et ses doutes à elle qui s'amplifient sous le poids de la rumeur murmurée aux Antilles.
Les reproches de Laly à José quand elle le soupçonne une fois de trop d'être tombé dans d'autres draps que ceux de Bénédicte.
Bénédicte justement qui reste sourde aux conseils de ses amies. Qui veut y croire. Qui se voile la face.
Et puis comme ça, à la va-vite on se perd de vue.
Parce qu'on a émis un doute.
Parce qu'on a crié.
Parce qu'on a blessé.
On s'éloigne et on balaye d'une crise de nerf quinze ans d'amitié.
Heureusement parfois en balayant on oublie quelques miettes.
Pour eux c'est beaucoup de photos, beaucoup de chansons, quelques accords et l'écho de leurs rires, de leurs confidences, de leurs déclarations.
Ils ont bâclé leurs adieux.
Ils vont prendre soin de leurs retrouvailles.
_ On a oublié comment s'aimer... Explique finalement Hélène.
Il la regarde, l'écoute.
_Pas les uns les autres, on s'aimera toujours, mais en tant que groupe. On a laissé nos égos, nos problèmes prendre le dessus sur la qualité de nos liens ; Et finalement ça les a gommés...
_Gommer ?
Elle hoche la tête, sourit largement, se lève, balaye l'herbe restée sur son pantalon avant de lui tendre la main.
_Tu sais ce qui est bien avec la gomme ?
Il secoue la tête, attrape sa main, se relève.
_C'est que ça laisse toujours des traces...
Il rit, la suit vers les chevaliers, les danseurs et les gourmands qui sortent tour à tour de l'immense maison, à coup de rires, de cris et d'anxiété. Le reste des filles rassurent, canalisent, tendent les mains. Les garçons font de même tout en essayant de ne pas faire tomber les quiches, les gâteaux et les accessoires oubliés sous les pas pressés.
Et là, juste là, sous le soleil chaud de cette fin juin. Sous les couleurs pastelles de cette campagne oubliées, il comprend tout ce qu'elle voulait dire.
Il voit les sourires qui se communiquent, et les rides qui en découlent, il entend les blagues, écoute les remontrances gentilles, regarde les caresses qu'on distribue avec facilité, avec sincérité, il sent la bienveillance, partout, celle qu'ils avaient oublié, qu'il avaient gommé et que doucement avec précision, avec soin ils retracent à la plume.
Il voit tout ça, soupire de contentement et quand elle l'abandonne pour rejoindre son amour de toujours, sa main à lui ne tremble plus.
Le spectacle est fini. Il coupe le caméscope un sourire toujours sur le visage.Il avait oublié la tendresse de ces après-midi. Depuis que Jeanne avait voulu inscrire Elias dans une école privée, il avait le droit à une chorale à Noël et une autre en fin d'année, mais jamais à un spectacle d'une telle envergure.
Un spectacle où on a appris les chorégraphies trop vite en trop peu de temps, où le papier mâché des décors se décolle sous les différences de température. Où les enfants déguisés en calamar, en péruvien ou en chevalier nomade arrêtent leurs gestes pour saluer un père, une mère, un oncle. Où les chansons sont encore passées sur des cassettes dont les bandes fatiguées sautent parfois laissant derrière elles les rires de la foule.
Il avait oublié et il se laisse entrainer par le mouvement de l'après-midi. Il observe la cour grouillant de gamins excités, déguisés, enjoués. Des enfants libres, voguant vers les stands de la petite kermesse, les joues rougies, les yeux pétillants, les bouches couvertes de sucre et de chocolat vestiges des crêpes de Christine, avalées à la va-vite.
Il voit Tara brandir son épée de carton quand elle gagne pour la troisième fois consécutive au chamboule tout, Paco et Gabi à côté d'elle, récoltant ses prix. Sur un autre stand il trouve Alice et Léa, en train d'essayer de négocier une partie gratuite, plus loin Julien, Jack et Diego se lancent dans le commerce de livraison de hot-dog, des sourires immenses sur le visage alors qu'ils naviguent dans la foule, du pain, des saucisses et des sauces plein les bras.
Il voit aussi les regards des autres, de ceux qui ne comprennent pas ce qu'ils sont, de ces gens qui gardent leurs enfants à l'écart de peur que ces gamins leur transmettent le virus de la liberté. Du bonheur.
Il voit le jugement. Les soupirs de désaccords, les messes-basses de ceux qui restent ancrés aux valeurs d'une société bien-pensante. « Des sauvageons », « Mal éduqués » « Em même temps sans la présence d'un père. » « Jamais d'hommes... » « Bizarres ces femmes à vivre dans cette maison... »
Il entend tout, et il essaie de laisser glisser sa colère, de ne pas aller faire face à la bêtise, il se tourne, abandonne la méchanceté gratuite pour les trouver.
Eux.
Et déjà son cœur s'apaise.
Il y a José qui s'occupe des grillades aux côté de George et de Marwan son fils ainé, les trois hommes rigolent en retournant saucisses, merguez, et autres ventrèches, mais le photographe remarque les sourires en coin et le regard plein d'envie de son meilleur ami quand il regarde Bénédicte. Et voilà qu'il rit tout seul.
Les filles sont ensemble, comme à la belle époque, leurs gestes se complètent alors qu'elles servent parts de quiches, de gâteaux, verres de Coca et tickets de tombola.
Elles sont belles, resplendissantes comme au premier jour de leur rencontre. Elles se fichent des quelques regards assassins que certains leur lancent. Elles gardent un œil sur leur tribu, et sourient dans des éclats de rires sincères.
Un peu en retrait mais toujours souriant il y a Christian assit sur le petit muret baigné de soleil, il observe lui aussi, toute cette vie qu'il avait oublié, quand arrivent à ses côtés Elias tenant la main de Jolan un peu mal à l'aise avec autant de monde.
_Toi aussi tu t'demandes ce que tu fais là ? Demande le garçonnet, en s'asseyant sur le muret après avoir aider Jolan à faire de même.
Le batteur le regarde, retrouve son meilleur ami dans chacune des attitudes de l'enfant. Il rit un peu.
_Non, je profite seulement. Il répond.
Eli fronce les sourcils.
_Tu profites de quoi ?
_De la vie...
_De la vie ?
_Exactement...
A ses côtés l'enfant soupire.
_T'es un peu bizarre quand même...
_Pourquoi ? Rigole Christian.
_Parce que l'autre jour on aurait dit tu voulais carrément pas être là et maintenant t'es heureux...
_Et toi, non ?
Elias fait une moue, un peu boudeuse, un peu vaincue.
_Touché... Il murmure.
Le musicien le regarde, le voit triturer ses mains nerveusement tout en essayant de donner des sourires rassurants à Jolan.
_J'avais oublier... Lance Christian.
_Oublier ? Questionne le fils de son meilleur ami.
_La chaleur du soleil, l'odeur de l'herbe fraiche, le son des rires, la douceur de la senteur des crêpes chaudes...
Elias rit.
_Carrément bizarre... Il dit.
L'adulte rit aussi.
_Et toi qu'est-ce que t'avais oublié ?
_Le vrai rire de mon Papa... Et le temps...
_Le temps ?
_Ouais, le temps de pouvoir faire ce qu'on veut... Ma maman... Ma maman, elle prend jamais le temps... Faut toujours aller quelque part... Ici on a le temps...
Christian comprend, laisse une main balayer la chevelure brune d'Eli.
_Et pourquoi tu vas pas prendre un peu de bon temps avec les autres ?
Elias soupire, descend du muret. Jolan l'imite, attrape sa main, fait sourire son ainé.
_Si je prends trop de bonheur ici, comment je vais faire pour retourner chez Maman, ou chez Patricia et Henri ?
_C'est qui Patricia et Henri ?
_Mes grands-parent de chez ma mère. Ils sont pas vachement drôles tu vois...
Le batteur rigole.
_Et peut-être que tu pourrais rester un peu ici, tu ne penses pas ?
_Moi, tu vois, j'aimerai bien, rester un peu plus, avec Gabi et Jojo et Paco et... tout le monde.
_Un peu plus comment ?
_Un peu plus comme Maman elle va pas aimer... Parce qu'en plus, je sais pas si tu sais, mais mon Papa c'est pas mon père. C'est juste... mon Papa...mais...
_Oui, je sais.
_Et peut-être du coup, Maman elle va pas vouloir que je reste ici... Il termine.
Plus loin on entend le rire de Gabriel. Celui de Paco, puis la voix de Diego qui appelle Elias.
Le petit garçon se retourne, leur sourit, va pour les retrouver, mais la main de Christian le rattrape.
_Ton père, et ton parrain, ils sont capables de pas mal de choses tous seuls... Mais avec l'aide de ces quatre filles... Ils sont capables de tout, même de t'épargner un été pas vachement drôle.
_Vrai de vrai ? Demande Eli.
_Vrai de vrai...
Elias le regarde, lâche une seconde la main de Jolan pour lui donner une étreinte rapide avant de partir en courant vers le reste de sa troupe.
_Les gars !! On va pouvoir la construire notre cabane, parce que p'têtre bien que je vais rester !
Et les hourras des autres font sourire de plus belle le musicien sur son muret.
Une minute s'écoule, quand une ombre vient lui cacher le soleil. Il plisse les yeux, regarde l'homme debout devant lui, partage un sourire.
Et Nicolas de lui dire.
_Bienvenue à la maison.
Et quand ils se serrent la main aucune de leurs mains tremblent.
A suivre.
Madeleine lover- Diplomé ABédien
- Nombre de messages : 241
Couple préféré : Hélène/ Nicolas
Loisirs : Guitare, Dessin, BD, Ecriture
Date d'inscription : 30/10/2016
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Génial une suite , c'est la fête !
quel joli moment entre Christian et Hélène, j'aime leur complicité que l'on retrouve tellement bien ici ! Christian en pleine réflexion , en pleine observation !
Le petit Elias est particulièrement lucide et comprend tellement bien les choses , je sens qu'il n'a pas tort et que sa mère ne va pas laisser les choses se faire
Merci pour ce beau chapitre toujours aussi bien écrit et toujours aussi envoûtant !
quel joli moment entre Christian et Hélène, j'aime leur complicité que l'on retrouve tellement bien ici ! Christian en pleine réflexion , en pleine observation !
Le petit Elias est particulièrement lucide et comprend tellement bien les choses , je sens qu'il n'a pas tort et que sa mère ne va pas laisser les choses se faire
Merci pour ce beau chapitre toujours aussi bien écrit et toujours aussi envoûtant !
sandrineL- Grand maître AB
-
Nombre de messages : 5845
Localisation : picardie
Date d'inscription : 12/07/2010
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
De beaux moments dans ce chapitre comme seul la tribu peut nous en donner. merci.
Nia64- Incoll-AB
-
Nombre de messages : 3025
Age : 39
Localisation : Pays Basque Saint Etienne de Baïgorry/Saint Jean Pied de Port
Couple préféré : Héléne/Nicolas José/Benedicte JoJo/CriCri Jeanne/Peter Nicky/Léa Cathy/Etienne Christian/Fanny
Loisirs : lecture, animaux, tennis , rugby, forumer, loto
Date d'inscription : 01/09/2014
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Joli moment d'amitié et de complicité entre Hélène et Christian
On le voit vraiment renaître au fur et à mesure des chapitres.
Tu décris tellement bien les ambiances et les ressentis de chacun que j'avais l'impression d'être moi aussi présente à cette fête
On le voit vraiment renaître au fur et à mesure des chapitres.
Tu décris tellement bien les ambiances et les ressentis de chacun que j'avais l'impression d'être moi aussi présente à cette fête
Kimmy- Pilier du forum
- Nombre de messages : 12826
Age : 43
Couple préféré : Johanna/Cricri, Jojo's, Cathy/Etienne
Loisirs : #ROCHELLE SUPPORT TEAM#
Date d'inscription : 18/04/2007
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Je suis d'accord, tres belle scene avec Christian et Helene et aussi avec Christian et Elias.
maria1969- Diplomé ABédien
- Nombre de messages : 389
Date d'inscription : 09/12/2012
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Toujours aussi beau à suivre, quelles belles amitiés diverses, et Christian qui semble retrouver goût à tout ça^^
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Toujours aussi beau ! Quel plaisir de te lire !
H&N- ABdien confirmé
-
Nombre de messages : 903
Age : 36
Localisation : Lyon
Couple préféré : HELENE ET NICOLAS!
Loisirs : Théâtre
Date d'inscription : 27/07/2007
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Retard rattrapé quelle beau moment Christian Hélène
Alala tjs plaisant a a lire merci
Alala tjs plaisant a a lire merci
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Une suite !! Bon bah du coup j’ai gardé mes péripéties pour le prochain chapitre et j’en ai écrit un toute en souvenirs… Encore !
Bonne lecture et merci pour tout !
Dans les voitures les éclats de rire se sont tus. Il ne reste que des murmures de bonheur. Des plus grands. Les petits ont les paupières aussi lourdes que leurs sourires sont grands.
A l’horizon le soleil s’est teinté de rouge, berçant les champs de blés pas encore fauchés d’une lumière d’or.
Les étourneaux dansent dans le ciel, tandis que les grillons chantent au creux des bambous.
L’été est là.
Les vacances aussi.
Et la liberté chahute déjà dans les yeux de leur petite tribu.
Les graviers grincent sous les pneus chauds, les ados claquent les portières, courant vers la maison, les chiens sur leurs talons, les plus petits se frottent les yeux, se calent dans les bras des adultes, il n’y a pas de mots, juste une danse qui semblait inconnue et qui se coordonne désormais à merveille.
Comme s’ils la dansaient depuis toujours.
Jolan est dans les bras de Nicolas, les yeux à moitié fermés, tandis que Gabriel tient la main du photographe, baillant presque à chaque pas.
Paco a trouvé refuge sur les épaules de José, il se frotte les yeux, sourit, les frotte de nouveau, rigole un peu.
Comme ça pour rien. Pour le bonheur. Pour la joie.
Tara tient la main de Christian qui a les bras chargé de peluches et de lots en tous genres gagnés lors de leur folle après-midi. Il écoute avec attention la petite fille lui raconter ses moments préférés.
Derrière eux, Elias rigole avec Diego, chacun tenant la main de Laly qui essaie de calmer leur enthousiasme quand ils lui expliquent pour la millième fois le plan détaillé de leur future cabane.
Devant l’immense porte Alice et Julien s’impatientent des adultes qui semblent vouloir prendre leur temps.
_Vous avez pas vos clefs ? Demande Cathy en souriant, passant devant eux pour ouvrir la porte.
_Est-ce qu’on resterait plantés sur le perron si on avait nos clefs, Maman ? Répond Julien en secouant la tête d’un air entendu.
Sa mère lui fait une grimace, tandis qu’Alice court déjà dans la maison en criant :
_Prem’s à la douche mon pote !
Julien râle, Cathy rigole et prévient.
_Laisses de l’eau chaude jeune fille on est nombreux à vouloir la prendre cette douche.
Et des rires lui répondent.
_Du coup tu vas pouvoir m’aider mon coeur. Poursuit la photographe en se retournant vers son fils.
Ce dernier soupire un peu avant de sourire.
_Pour quoi faire ?
_Une soirée souvenir… Pour Christian et pour les garçons.
Julien sourit un peu plus.
_Okay j’en suis, que veux- tu que je fasse ?
_Recrutes Diego, Jack et Léa et vous nous installez l’écran dans le jardin, avec les canap’ ?...
_Popcorn ?
_Caramélisé !
_Vendu ! S’exclame l’adolescent en allant chercher ses comparses de déménagement.
_Je vous envoie Alice dès qu’elle sort de la salle de bain ! Assure Cathy.
Jack rigole et répond.
_C’est à dire jamais !
Et les voilà qui courent vers la grange accomplir leur mission.
_C’est quoi cette excitation ? Demande José, en faisant passer Paco de ses épaules à ses bras, avant de le déposer sur le plancher de la maison.
_Une surprise. Explique la photographe.
Le restaurateur sourit en coin, ne commente pas, sait qu’elle ne dira rien.
_On fait quoi avec les petits ? Il demande.
_On va utiliser notre salle de bain pour donner un bain aux trois petits, Alice a pris d’assaut celle des plus grands, on laissera celle du bas à Elias, puis a Tara ensuite.
José approuve, puis se retourne pour attendre Nicolas et Christian, un sourire en coin. Quand ils arrivent il a déjà le poing tendu devant lui.
_En trois manches gagnantes, les gars ?
_Pour faire quoi ? Demande Nicolas.
_Donner un bain aux trois moussaillons…
Ses deux meilleurs amis le regardent, sourient un peu, secouent la tête, mais avancent leurs mains, sous les regards amusés d’Hélène, Béné et Laly.
_Chi-Fou-Mi !
José a sorti la Pierre, Nicolas aussi, Christian a choisi la feuille.
Il rigole, Tara aussi, puis pose une main sur chacune de leurs épaules.
_Vous allez faire ça très bien les mecs ! Il dit avant de partir vers la terrasse, Tara et Elias avec lui.
Hélène et Béné sourient, avant de venir vers les deux hommes.
_On va vous éviter la mousse ce soir… Commence la chanteuse.
_Mais faites gaffe quand même, ils aiment bien jouer au « Tsunami de l’Enfer ».
Et elles aussi s’en vont, entre rires et murmures, laissant les deux hommes face à trois Pirates tout sourire.
Il s’est assis contre le mur carrelé de la salle de bain, le sourire en place, le cœur battant au rythme des rires fatigués mais joyeux des trois enfants dans le bain.
Son tee-shirt est mouillé. Très mouillé. Toujours moins que celui de son pote de toujours, mais quand même. Ils ont fait un carnage.
Il s’en fiche, se dit même qu’ils pourront peut-être jouer le nettoyage au chi-fou-mi. Ou alors à pile ou face.
Ou peut-être qu’il pourra charmer Béné…
Il rit tout seul.
Jamais.
A son rire son pote se retourne.
_Ca va Pépère ? Demande Nico.
_Parfaitement bien. Répond José, en s’approchant de nouveau de son meilleur ami et du trio infernal.
Ils sont propres. Ils sentent bon le Cadum et le Dop. L’herbe fraiche et les nuits d’été.
_Mais je commence à avoir faim, pas vous les pirates.
_Moi j’pourrais manger un éléphant grand comme cha ! Rigole Paco, en ouvrant grand les bras.
Gabriel rit, en secouant un peu la tête, derrière eux Jolan tend les bras vers le restaurateur en baillant.
José le saisit, le sèche, fait attention à ne pas glisser sur la fine pellicule d’eau qu’ils ont créé au milieu de leurs histoires de marins, de pirates et de chevaliers de l’espace.
Nicolas attrape Gabriel, le sèche, embrasse son cou, le laisse terminer, pour venir récupérer Paco, qui sourit toujours.
On aide à enfiler les pyjamas, on essaie de brosser les boucles de Jolan, on jette une nuée de parfum sur les torses histoire « d’être un peu un Prince ce soir », puis finalement on libère de nouveau les chevaliers qui filent retrouver le reste de leur bande.
Ils sont en train de ramasser les serviettes mouillées, de rassembler les vêtements et les costumes quand Christian se pose contre le chambranle de la porte, deux serpillères dans les mains, un grand sourire sur le visage.
_Regardez-moi ces deux petites fées du logis… On dirait bien que vous avez fini par grandir les mecs…
Puis voyant l’état de leurs tee-shirts.
_Même si vous avez toujours une marge de progression !
Les deux autres ne répondent rien, partagent un regard complice, terminent de plier les jeans et d’étendre les serviettes avant de s’approcher de leur pote, doucement, innocemment, sans un mot.
Le batteur le sent, tente de reculer d’un pas en laissant derrière lui, les balais espagnols, mais c’est trop tard. Ils sont rapides et plus nombreux.
En une seconde ils le tiennent, chacun par un bras, Christian ne touche plus terre.
_Non, les mecs, faites pas ça... Non…
_À la une… Commence Nicolas, en riant.
_À la deux… Poursuit José.
_À la trois !! Ils terminent à l’unisson jetant leur pote dans l’eau du bain.
_Putain vous êtes cons ! Hurle leur ami en remontant à la surface.
Ils se taisent un moment, tous les trois, se demandent si ce temps là est passé. Si ça fait trop longtemps qu’ils n’ont pas été des gamins, s’ils ne peuvent plus rire de rien, de pas grand chose.
Une seconde passe, puis cinq, dix et soudain Christian sort de derrière son dos un pistolet à eau resté dans le bain et asperge ses potes dans un cri de victoire.
Le brouhaha qui suit est fait de rires, de cris et de mouvements d’eau avant que Cathy et Laly ne débarquent, Alice, Julien, Diego et Léa sur leurs talons.
_C’est une blague ? Demande Laly en entrant dans la pièce.
Les trois hommes se stoppent, José aidant rapidement Christian à sortir de la baignoire. Ce dernier en profite pour se cacher derrière ses amis de toujours, en lançant.
_C’est eux qu’ont commencé…
Nicolas lui envoie un coup de poing dans l’épaule avant de se tourner vers les filles.
_Les petits sont lavés. Il dit en souriant.
_On sait, on les a vu… Répond Cathy en s’approchant un peu du trio. Elle saisit un balai espagnol, le jette à José qui le rattrape d’une main.
_Et maintenant il vous reste moins de vingt minutes pour redonner à notre salle de bain son état d’origine. Elle termine avant de retourner vers le salon.
_Des gamins ! Fait Laly en la suivant. Trois de plus dans cette maison qui en est pleine ! Il va falloir qu’on parle les filles… Hélène et Béné surtout !
Ils n’entendent pas la réponse des intéressées, restent penauds devant leur champ bataille.
Dans l’embrasure de la porte, les enfants sont restés, avec des sourires immenses et des étincelles dans les yeux.
_La prochaine fois appelez-nous on a deux pistolets qu’on rêve d’essayer à courte portée ! Lance Diego.
_En plus à nous tous, on pourra bloquer la porte… Continue Léa.
_Et faire des équipes ! Ajoute Alice.
_Et avec notre charme et vos atouts, on risquera pas grand chose ! Conclue Julien avant de faire demi-tour, suivi par le reste du quatuor.
_Bon courage et grouillez, ce soir c’est gratin-dauphinois !
Et comme ça, trempés de la tête aux pieds, perdus au milieu d’une salle de bain dévastée, trois amis de toujours réapprennent à aimer la folie douce, et les douces folies, en partageant un rire qui fait écho à celui de celles qu’ils aiment.
Il est tard. Mais il fallait attendre la tombée de la nuit.
Ils ont sorti les canapés et les poufs, quelques matelas gonflables. Ils sont éparpillés, entassés les uns sur les autres.
Léa, Diego et Alice sur le petit canapé, Julien, Elias et Jack à leurs pieds sur un matelas. Sur le grand canapé usé, il y a Nicolas, Gabriel presque endormi contre son torse, Jolan contre son bras droit et Hélène sous son bras gauche. À côté d’eux il y a Laly et Christian se partageant un bol de pop corn, Paco au milieu, luttant pour rester éveillé.
Sur le dernier sofa, José et Bénédicte se partagent la place avec Cathy et Tara, devenue ingénieur en audio-visuel pour la soirée.
_C’est bon ? Je peux appuyer ? Demande la fillette en s’assurant que tout le monde soit bien installé.
Un « Oui » unanime lui répond avant qu’elle n’allume le vidéoprojecteur.
Alors le drap blanc, tenu par quatre épingles à linge s’anime et s’empli de voix du passées.
De voix qu’ils connaissent, eux, les trois hommes prodigues ; de voix qu’ils avaient oublié, des voix qui leur gonflent le cœur.
L’image est vieillie par les années, mais elles sont là, toutes les cinq aussi belles que quand ils les ont laissées, que quand elles ont fui.
Johanna est élancée, les cheveux longs bouclés, elle tient la main de Léa qui doit avoir deux ans et qui s’amuse à monter et descendre les marches du perron, sous le regard du très jeune Baron qui la suit avec tendresse.
Derrière elles il y a Hélène et Cathy, la première porte Diego dans les bras, tandis que la seconde partage un secret à l’oreille de son fils de neuf ans. Derrière la caméra on entend le rire de Béné.
L’image change, c’est un Noël, les enfants ont grandi, la famille aussi. Au pied du sapin on compte cinq enfants aux sourires immenses, en train de déballer cadeaux sur cadeaux.
Mille voix se perdent, elles parlent français, anglais, portugais et même suédois. Ça rit partout, les filles trinquent avec des flutes de champagne en plastiques tandis que les garçons essaient déjà d’installer leur circuit de Formule 1.
Sur les canapés, les trois absents du moment, les trois novices des souvenirs retiennent leur souffle devant tant de beauté.
Oui, elles sont belles, et pleines d’amour.
Sur l’image il n’y a que des étreintes et de la douceur partagée.
Les enfants naviguent entre les jeunes femmes, sans peur et en toute confiance.
Ici commence la nouvelle définition du mot famille qu’elles ont si bien su décliner.
L’écran déraille encore. L’humeur est moins bruyante mais les visages sont toujours souriants.
Johanna n’a plus ses boucles vénissiennes, mais un bandana sur la tête.
Diego et Léa se lancent un ballon du haut de leurs quatre ans, sous les aboiements excités de leur Terre Neuve protecteur.
C’est Laly qui filme, elle s’arrête un moment sur Jack qui tire sur la longe de Popeye et lui demande gentiment de bien vouloir faire des tours de slalom, Alice le regarde perchée sur la barrière du champ, elle prend des photos, tandis que Julien chronomètre.
La soirée semble calme, la brésilienne quitte l’innocence des enfants pour venir retrouver ses copines. En la voyant arriver Hélène essaie de se cacher le visage, alors que Bénédicte râle un peu.
_T’en n’a pas marre de jouer avec ce truc Laly ? Elle demande en riant.
_Mais allez, les filles, ça nous fera des souvenirs, pour quand on sera vieille !
Les autres rient un peu.
_Vieilles comment ma Laly ? Demande Johanna, la voix un peu fatiguée.
_Bah vieilles comme… Je sais pas, on sera là, à ce même endroit et on regardera courir nos petits enfants avec des thés chauds, et des plaids qu’on aura nous même tricoté. Et puis on racontera encore une fois, la millième, comment tout a commencé. Et nos enfants et leurs enfants seront toujours aussi surpris qu’on est tenue durant toutes ces années ensemble.
Cette fois ses amies rient vraiment.
_Il était une fois… commence Cathy.
_Trois jeunes filles qui tombèrent sous le charme de trois… Poursuit Hélène.
_Beaux jeunes hommes… Terminent Johanna.
Il y a un silence, elles se comprennent, puis Bénédicte continue.
_Et ensemble ils rencontrèrent de nouveaux compagnons…
_Et vécurent mille aventures. Enchaine Laly.
_Parfois ils se perdirent…
_Pendant longtemps…
_Mais à chaque fois le destin les faisait se retrouver…
_Et à chaque fois ils s’aimaient un plus…
_Un peu plus longtemps…
_Un peu plus fort…
_Un peu plus confiants…
Le silence reprend ses droits avant que Johanna ne conclue encore.
_A chaque fois ils se retrouvaient…
La bande saute de nouveau. Il n’y a qu’elles. Toutes les cinq. C’est en soirée. Il n’y pas un bruit si ce n’est celui des grillons.
Elles ont les yeux fatigués, rougis, teintés des cernes noires.
_Vous leur diriez quoi, vous... Aux garçons ? S’ils étaient là ? Demande Cathy derrière la caméra.
Ses amies ne répondent pas tout de suite, puis Johanna se lance, la voix lasse mais les yeux pétillants.
_Thank you… C’est ça que je dirai. À mon Cri-Cri d’abords mais aux autres aussi. Thank you d’avoir fait en sorte que mon début de vie d’adulte, soit aussi facile et aussi beau et avec … so much love... Life is a bitch, mais avec eux, avec vous c’était juste bien…
L’écran devient noir, il n’y a pas la réponse des autres.
Sur les canapés, les yeux sont floués, rougis, il y a des sursautes de sanglots.
Ils n’ont pas le temps de s’y attarder que le drap reprend vie.
À grands bruits, à grands rires.
L’image est plus récente, la qualité plus jolie.
Et la maison plus remplie.
Julien est grand, il doit avoir treize ans, avec Alice ils sont accroupis au milieu du jardin et font de grands gestes en riant. Quand la caméra change d’angle on découvre à qui sont destinés ces gestes.
Il doit avoir juste un peu plus d’un an, et déjà des yeux d’un bleu immense. Il rit en se tenant debout, les mains accrochées aux doigts de sa Maman.
_Allez Gabi, lâche tout ! Crie Diego à côté de lui, Léa applaudissant déjà.
_Allez Gabi, viens nous voir ! Fait Julien depuis sa place au milieu des herbes hautes.
Le garçonnet fronce les sourcils à la manière de ce père qu’il ne connaît pas encore, lance une chaussure en avant toujours accroché à la main de sa maman, puis une seconde.
_Ouais comme ça, Gabi, allez encore tout seul ! Fait Jack. Derrière lui Cathy et Béné regardent la scène avec émotion.
Second froncement de sourcil, puis le bambin lâche la main de sa mère. Un pas, un autre, un troisième. Et le voilà qui marche vers les bras tendus de Julien.
Diego rigole. Fort. Jack l’imite puis les autres et quand il arrive dans les bras du jeune garçon, Gabriel rigole à son tour, les bras levés vers le ciel et un sourire fier à sa Maman.
La joie est là.
Le morceau de souvenir suivant commence par des airs de guitare et quelques percussions. Tous les protagonistes sont là.
Enfin tous, sauf les trois hommes.
C’est Hélène qui a la guitare. Jack et Diego aussi. Elle leur montre comment jouer la tablature.
Julien est au djembé, Alice à la caisse claire, Léa à l’harmonica.
Derrière la caméra, la voix de Béné demande si tout le monde est prêt. Les quatre plus petits hochent la tête, assis en tailleurs, des doudous dans les bras, ils attendent que commence le spectacle.
Laly lance un « Trois-Quatre » et voilà que se lance leur petit groupe. Sans garage, sans basse, sans synthé, ils accordent leurs rythmes et quand commencent le premier couplet les voix d’Hélène, de Cathy et de Laly se mélangent à la perfection, laissant voguer le bonheur et le partage sous des airs que tous connaissent.
Peut-être qu’en septembre…
La chanson se finit dans ses éclats de joie, de fierté et de rires qui résonnent même après que l’écran est décidé de rester noir.
Alors c’était donc ça la surprise. Une autre porte ouverte dans l’histoire qu’elles ont vécue sans eux.
Une promesse de ce qui les attendait aussi.
C’est le silence qui les entoure, pendant longtemps.
Il y a des regards qui sont échangés.
Tous se comprennent.
Se pardonnent.
Et se déclarent leur amour.
Dans le champ, Popeye braille faisant rire les enfants, puis les adultes.
La nostalgie s’en va, la mélancolie aussi. Et c’est Christian qui demande :
_Nous aussi on peut devenir vieux dans cette maison ?
Et la question devient promesse.
A suivre.
Bonne lecture et merci pour tout !
16.
Dans les voitures les éclats de rire se sont tus. Il ne reste que des murmures de bonheur. Des plus grands. Les petits ont les paupières aussi lourdes que leurs sourires sont grands.
A l’horizon le soleil s’est teinté de rouge, berçant les champs de blés pas encore fauchés d’une lumière d’or.
Les étourneaux dansent dans le ciel, tandis que les grillons chantent au creux des bambous.
L’été est là.
Les vacances aussi.
Et la liberté chahute déjà dans les yeux de leur petite tribu.
Les graviers grincent sous les pneus chauds, les ados claquent les portières, courant vers la maison, les chiens sur leurs talons, les plus petits se frottent les yeux, se calent dans les bras des adultes, il n’y a pas de mots, juste une danse qui semblait inconnue et qui se coordonne désormais à merveille.
Comme s’ils la dansaient depuis toujours.
Jolan est dans les bras de Nicolas, les yeux à moitié fermés, tandis que Gabriel tient la main du photographe, baillant presque à chaque pas.
Paco a trouvé refuge sur les épaules de José, il se frotte les yeux, sourit, les frotte de nouveau, rigole un peu.
Comme ça pour rien. Pour le bonheur. Pour la joie.
Tara tient la main de Christian qui a les bras chargé de peluches et de lots en tous genres gagnés lors de leur folle après-midi. Il écoute avec attention la petite fille lui raconter ses moments préférés.
Derrière eux, Elias rigole avec Diego, chacun tenant la main de Laly qui essaie de calmer leur enthousiasme quand ils lui expliquent pour la millième fois le plan détaillé de leur future cabane.
Devant l’immense porte Alice et Julien s’impatientent des adultes qui semblent vouloir prendre leur temps.
_Vous avez pas vos clefs ? Demande Cathy en souriant, passant devant eux pour ouvrir la porte.
_Est-ce qu’on resterait plantés sur le perron si on avait nos clefs, Maman ? Répond Julien en secouant la tête d’un air entendu.
Sa mère lui fait une grimace, tandis qu’Alice court déjà dans la maison en criant :
_Prem’s à la douche mon pote !
Julien râle, Cathy rigole et prévient.
_Laisses de l’eau chaude jeune fille on est nombreux à vouloir la prendre cette douche.
Et des rires lui répondent.
_Du coup tu vas pouvoir m’aider mon coeur. Poursuit la photographe en se retournant vers son fils.
Ce dernier soupire un peu avant de sourire.
_Pour quoi faire ?
_Une soirée souvenir… Pour Christian et pour les garçons.
Julien sourit un peu plus.
_Okay j’en suis, que veux- tu que je fasse ?
_Recrutes Diego, Jack et Léa et vous nous installez l’écran dans le jardin, avec les canap’ ?...
_Popcorn ?
_Caramélisé !
_Vendu ! S’exclame l’adolescent en allant chercher ses comparses de déménagement.
_Je vous envoie Alice dès qu’elle sort de la salle de bain ! Assure Cathy.
Jack rigole et répond.
_C’est à dire jamais !
Et les voilà qui courent vers la grange accomplir leur mission.
_C’est quoi cette excitation ? Demande José, en faisant passer Paco de ses épaules à ses bras, avant de le déposer sur le plancher de la maison.
_Une surprise. Explique la photographe.
Le restaurateur sourit en coin, ne commente pas, sait qu’elle ne dira rien.
_On fait quoi avec les petits ? Il demande.
_On va utiliser notre salle de bain pour donner un bain aux trois petits, Alice a pris d’assaut celle des plus grands, on laissera celle du bas à Elias, puis a Tara ensuite.
José approuve, puis se retourne pour attendre Nicolas et Christian, un sourire en coin. Quand ils arrivent il a déjà le poing tendu devant lui.
_En trois manches gagnantes, les gars ?
_Pour faire quoi ? Demande Nicolas.
_Donner un bain aux trois moussaillons…
Ses deux meilleurs amis le regardent, sourient un peu, secouent la tête, mais avancent leurs mains, sous les regards amusés d’Hélène, Béné et Laly.
_Chi-Fou-Mi !
José a sorti la Pierre, Nicolas aussi, Christian a choisi la feuille.
Il rigole, Tara aussi, puis pose une main sur chacune de leurs épaules.
_Vous allez faire ça très bien les mecs ! Il dit avant de partir vers la terrasse, Tara et Elias avec lui.
Hélène et Béné sourient, avant de venir vers les deux hommes.
_On va vous éviter la mousse ce soir… Commence la chanteuse.
_Mais faites gaffe quand même, ils aiment bien jouer au « Tsunami de l’Enfer ».
Et elles aussi s’en vont, entre rires et murmures, laissant les deux hommes face à trois Pirates tout sourire.
Il s’est assis contre le mur carrelé de la salle de bain, le sourire en place, le cœur battant au rythme des rires fatigués mais joyeux des trois enfants dans le bain.
Son tee-shirt est mouillé. Très mouillé. Toujours moins que celui de son pote de toujours, mais quand même. Ils ont fait un carnage.
Il s’en fiche, se dit même qu’ils pourront peut-être jouer le nettoyage au chi-fou-mi. Ou alors à pile ou face.
Ou peut-être qu’il pourra charmer Béné…
Il rit tout seul.
Jamais.
A son rire son pote se retourne.
_Ca va Pépère ? Demande Nico.
_Parfaitement bien. Répond José, en s’approchant de nouveau de son meilleur ami et du trio infernal.
Ils sont propres. Ils sentent bon le Cadum et le Dop. L’herbe fraiche et les nuits d’été.
_Mais je commence à avoir faim, pas vous les pirates.
_Moi j’pourrais manger un éléphant grand comme cha ! Rigole Paco, en ouvrant grand les bras.
Gabriel rit, en secouant un peu la tête, derrière eux Jolan tend les bras vers le restaurateur en baillant.
José le saisit, le sèche, fait attention à ne pas glisser sur la fine pellicule d’eau qu’ils ont créé au milieu de leurs histoires de marins, de pirates et de chevaliers de l’espace.
Nicolas attrape Gabriel, le sèche, embrasse son cou, le laisse terminer, pour venir récupérer Paco, qui sourit toujours.
On aide à enfiler les pyjamas, on essaie de brosser les boucles de Jolan, on jette une nuée de parfum sur les torses histoire « d’être un peu un Prince ce soir », puis finalement on libère de nouveau les chevaliers qui filent retrouver le reste de leur bande.
Ils sont en train de ramasser les serviettes mouillées, de rassembler les vêtements et les costumes quand Christian se pose contre le chambranle de la porte, deux serpillères dans les mains, un grand sourire sur le visage.
_Regardez-moi ces deux petites fées du logis… On dirait bien que vous avez fini par grandir les mecs…
Puis voyant l’état de leurs tee-shirts.
_Même si vous avez toujours une marge de progression !
Les deux autres ne répondent rien, partagent un regard complice, terminent de plier les jeans et d’étendre les serviettes avant de s’approcher de leur pote, doucement, innocemment, sans un mot.
Le batteur le sent, tente de reculer d’un pas en laissant derrière lui, les balais espagnols, mais c’est trop tard. Ils sont rapides et plus nombreux.
En une seconde ils le tiennent, chacun par un bras, Christian ne touche plus terre.
_Non, les mecs, faites pas ça... Non…
_À la une… Commence Nicolas, en riant.
_À la deux… Poursuit José.
_À la trois !! Ils terminent à l’unisson jetant leur pote dans l’eau du bain.
_Putain vous êtes cons ! Hurle leur ami en remontant à la surface.
Ils se taisent un moment, tous les trois, se demandent si ce temps là est passé. Si ça fait trop longtemps qu’ils n’ont pas été des gamins, s’ils ne peuvent plus rire de rien, de pas grand chose.
Une seconde passe, puis cinq, dix et soudain Christian sort de derrière son dos un pistolet à eau resté dans le bain et asperge ses potes dans un cri de victoire.
Le brouhaha qui suit est fait de rires, de cris et de mouvements d’eau avant que Cathy et Laly ne débarquent, Alice, Julien, Diego et Léa sur leurs talons.
_C’est une blague ? Demande Laly en entrant dans la pièce.
Les trois hommes se stoppent, José aidant rapidement Christian à sortir de la baignoire. Ce dernier en profite pour se cacher derrière ses amis de toujours, en lançant.
_C’est eux qu’ont commencé…
Nicolas lui envoie un coup de poing dans l’épaule avant de se tourner vers les filles.
_Les petits sont lavés. Il dit en souriant.
_On sait, on les a vu… Répond Cathy en s’approchant un peu du trio. Elle saisit un balai espagnol, le jette à José qui le rattrape d’une main.
_Et maintenant il vous reste moins de vingt minutes pour redonner à notre salle de bain son état d’origine. Elle termine avant de retourner vers le salon.
_Des gamins ! Fait Laly en la suivant. Trois de plus dans cette maison qui en est pleine ! Il va falloir qu’on parle les filles… Hélène et Béné surtout !
Ils n’entendent pas la réponse des intéressées, restent penauds devant leur champ bataille.
Dans l’embrasure de la porte, les enfants sont restés, avec des sourires immenses et des étincelles dans les yeux.
_La prochaine fois appelez-nous on a deux pistolets qu’on rêve d’essayer à courte portée ! Lance Diego.
_En plus à nous tous, on pourra bloquer la porte… Continue Léa.
_Et faire des équipes ! Ajoute Alice.
_Et avec notre charme et vos atouts, on risquera pas grand chose ! Conclue Julien avant de faire demi-tour, suivi par le reste du quatuor.
_Bon courage et grouillez, ce soir c’est gratin-dauphinois !
Et comme ça, trempés de la tête aux pieds, perdus au milieu d’une salle de bain dévastée, trois amis de toujours réapprennent à aimer la folie douce, et les douces folies, en partageant un rire qui fait écho à celui de celles qu’ils aiment.
Il est tard. Mais il fallait attendre la tombée de la nuit.
Ils ont sorti les canapés et les poufs, quelques matelas gonflables. Ils sont éparpillés, entassés les uns sur les autres.
Léa, Diego et Alice sur le petit canapé, Julien, Elias et Jack à leurs pieds sur un matelas. Sur le grand canapé usé, il y a Nicolas, Gabriel presque endormi contre son torse, Jolan contre son bras droit et Hélène sous son bras gauche. À côté d’eux il y a Laly et Christian se partageant un bol de pop corn, Paco au milieu, luttant pour rester éveillé.
Sur le dernier sofa, José et Bénédicte se partagent la place avec Cathy et Tara, devenue ingénieur en audio-visuel pour la soirée.
_C’est bon ? Je peux appuyer ? Demande la fillette en s’assurant que tout le monde soit bien installé.
Un « Oui » unanime lui répond avant qu’elle n’allume le vidéoprojecteur.
Alors le drap blanc, tenu par quatre épingles à linge s’anime et s’empli de voix du passées.
De voix qu’ils connaissent, eux, les trois hommes prodigues ; de voix qu’ils avaient oublié, des voix qui leur gonflent le cœur.
L’image est vieillie par les années, mais elles sont là, toutes les cinq aussi belles que quand ils les ont laissées, que quand elles ont fui.
Johanna est élancée, les cheveux longs bouclés, elle tient la main de Léa qui doit avoir deux ans et qui s’amuse à monter et descendre les marches du perron, sous le regard du très jeune Baron qui la suit avec tendresse.
Derrière elles il y a Hélène et Cathy, la première porte Diego dans les bras, tandis que la seconde partage un secret à l’oreille de son fils de neuf ans. Derrière la caméra on entend le rire de Béné.
L’image change, c’est un Noël, les enfants ont grandi, la famille aussi. Au pied du sapin on compte cinq enfants aux sourires immenses, en train de déballer cadeaux sur cadeaux.
Mille voix se perdent, elles parlent français, anglais, portugais et même suédois. Ça rit partout, les filles trinquent avec des flutes de champagne en plastiques tandis que les garçons essaient déjà d’installer leur circuit de Formule 1.
Sur les canapés, les trois absents du moment, les trois novices des souvenirs retiennent leur souffle devant tant de beauté.
Oui, elles sont belles, et pleines d’amour.
Sur l’image il n’y a que des étreintes et de la douceur partagée.
Les enfants naviguent entre les jeunes femmes, sans peur et en toute confiance.
Ici commence la nouvelle définition du mot famille qu’elles ont si bien su décliner.
L’écran déraille encore. L’humeur est moins bruyante mais les visages sont toujours souriants.
Johanna n’a plus ses boucles vénissiennes, mais un bandana sur la tête.
Diego et Léa se lancent un ballon du haut de leurs quatre ans, sous les aboiements excités de leur Terre Neuve protecteur.
C’est Laly qui filme, elle s’arrête un moment sur Jack qui tire sur la longe de Popeye et lui demande gentiment de bien vouloir faire des tours de slalom, Alice le regarde perchée sur la barrière du champ, elle prend des photos, tandis que Julien chronomètre.
La soirée semble calme, la brésilienne quitte l’innocence des enfants pour venir retrouver ses copines. En la voyant arriver Hélène essaie de se cacher le visage, alors que Bénédicte râle un peu.
_T’en n’a pas marre de jouer avec ce truc Laly ? Elle demande en riant.
_Mais allez, les filles, ça nous fera des souvenirs, pour quand on sera vieille !
Les autres rient un peu.
_Vieilles comment ma Laly ? Demande Johanna, la voix un peu fatiguée.
_Bah vieilles comme… Je sais pas, on sera là, à ce même endroit et on regardera courir nos petits enfants avec des thés chauds, et des plaids qu’on aura nous même tricoté. Et puis on racontera encore une fois, la millième, comment tout a commencé. Et nos enfants et leurs enfants seront toujours aussi surpris qu’on est tenue durant toutes ces années ensemble.
Cette fois ses amies rient vraiment.
_Il était une fois… commence Cathy.
_Trois jeunes filles qui tombèrent sous le charme de trois… Poursuit Hélène.
_Beaux jeunes hommes… Terminent Johanna.
Il y a un silence, elles se comprennent, puis Bénédicte continue.
_Et ensemble ils rencontrèrent de nouveaux compagnons…
_Et vécurent mille aventures. Enchaine Laly.
_Parfois ils se perdirent…
_Pendant longtemps…
_Mais à chaque fois le destin les faisait se retrouver…
_Et à chaque fois ils s’aimaient un plus…
_Un peu plus longtemps…
_Un peu plus fort…
_Un peu plus confiants…
Le silence reprend ses droits avant que Johanna ne conclue encore.
_A chaque fois ils se retrouvaient…
La bande saute de nouveau. Il n’y a qu’elles. Toutes les cinq. C’est en soirée. Il n’y pas un bruit si ce n’est celui des grillons.
Elles ont les yeux fatigués, rougis, teintés des cernes noires.
_Vous leur diriez quoi, vous... Aux garçons ? S’ils étaient là ? Demande Cathy derrière la caméra.
Ses amies ne répondent pas tout de suite, puis Johanna se lance, la voix lasse mais les yeux pétillants.
_Thank you… C’est ça que je dirai. À mon Cri-Cri d’abords mais aux autres aussi. Thank you d’avoir fait en sorte que mon début de vie d’adulte, soit aussi facile et aussi beau et avec … so much love... Life is a bitch, mais avec eux, avec vous c’était juste bien…
L’écran devient noir, il n’y a pas la réponse des autres.
Sur les canapés, les yeux sont floués, rougis, il y a des sursautes de sanglots.
Ils n’ont pas le temps de s’y attarder que le drap reprend vie.
À grands bruits, à grands rires.
L’image est plus récente, la qualité plus jolie.
Et la maison plus remplie.
Julien est grand, il doit avoir treize ans, avec Alice ils sont accroupis au milieu du jardin et font de grands gestes en riant. Quand la caméra change d’angle on découvre à qui sont destinés ces gestes.
Il doit avoir juste un peu plus d’un an, et déjà des yeux d’un bleu immense. Il rit en se tenant debout, les mains accrochées aux doigts de sa Maman.
_Allez Gabi, lâche tout ! Crie Diego à côté de lui, Léa applaudissant déjà.
_Allez Gabi, viens nous voir ! Fait Julien depuis sa place au milieu des herbes hautes.
Le garçonnet fronce les sourcils à la manière de ce père qu’il ne connaît pas encore, lance une chaussure en avant toujours accroché à la main de sa maman, puis une seconde.
_Ouais comme ça, Gabi, allez encore tout seul ! Fait Jack. Derrière lui Cathy et Béné regardent la scène avec émotion.
Second froncement de sourcil, puis le bambin lâche la main de sa mère. Un pas, un autre, un troisième. Et le voilà qui marche vers les bras tendus de Julien.
Diego rigole. Fort. Jack l’imite puis les autres et quand il arrive dans les bras du jeune garçon, Gabriel rigole à son tour, les bras levés vers le ciel et un sourire fier à sa Maman.
La joie est là.
Le morceau de souvenir suivant commence par des airs de guitare et quelques percussions. Tous les protagonistes sont là.
Enfin tous, sauf les trois hommes.
C’est Hélène qui a la guitare. Jack et Diego aussi. Elle leur montre comment jouer la tablature.
Julien est au djembé, Alice à la caisse claire, Léa à l’harmonica.
Derrière la caméra, la voix de Béné demande si tout le monde est prêt. Les quatre plus petits hochent la tête, assis en tailleurs, des doudous dans les bras, ils attendent que commence le spectacle.
Laly lance un « Trois-Quatre » et voilà que se lance leur petit groupe. Sans garage, sans basse, sans synthé, ils accordent leurs rythmes et quand commencent le premier couplet les voix d’Hélène, de Cathy et de Laly se mélangent à la perfection, laissant voguer le bonheur et le partage sous des airs que tous connaissent.
Peut-être qu’en septembre…
La chanson se finit dans ses éclats de joie, de fierté et de rires qui résonnent même après que l’écran est décidé de rester noir.
Alors c’était donc ça la surprise. Une autre porte ouverte dans l’histoire qu’elles ont vécue sans eux.
Une promesse de ce qui les attendait aussi.
C’est le silence qui les entoure, pendant longtemps.
Il y a des regards qui sont échangés.
Tous se comprennent.
Se pardonnent.
Et se déclarent leur amour.
Dans le champ, Popeye braille faisant rire les enfants, puis les adultes.
La nostalgie s’en va, la mélancolie aussi. Et c’est Christian qui demande :
_Nous aussi on peut devenir vieux dans cette maison ?
Et la question devient promesse.
A suivre.
Madeleine lover- Diplomé ABédien
- Nombre de messages : 241
Couple préféré : Hélène/ Nicolas
Loisirs : Guitare, Dessin, BD, Ecriture
Date d'inscription : 30/10/2016
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Encore une suite riche en émotions, en rires, en amours, en amitiés, tout ce que l'on aime !
toujours aussi bien écrit !!!!!! bravo !!!!!!
le moment avec les garçons dans la salle de bain est très drôle !
la soirée souvenirs doit bien retourner les garçons entre les images avec Johanna, les filles, les enfants et les premiers pas de Gabriel que Nicolas doit regarder avec une sacré dose d'émotion !
merci pour cette belle suite !
toujours aussi bien écrit !!!!!! bravo !!!!!!
le moment avec les garçons dans la salle de bain est très drôle !
la soirée souvenirs doit bien retourner les garçons entre les images avec Johanna, les filles, les enfants et les premiers pas de Gabriel que Nicolas doit regarder avec une sacré dose d'émotion !
merci pour cette belle suite !
sandrineL- Grand maître AB
-
Nombre de messages : 5845
Localisation : picardie
Date d'inscription : 12/07/2010
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
C'est trop dur à chaque fois de nous laisser comme ça , on a trop envie de lire la suite !! Bravo encore magnifique chapitre , je n'ai qu'une chose à dire : A quand la suite ??
Sylvie- ABdien confirmé
-
Nombre de messages : 900
Age : 42
Couple préféré : hélène et Nico -José et Béné
Loisirs : tv, internet
Date d'inscription : 27/02/2010
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Une soiree souvenirs, c'est une tres bonne idee. Comme Sandrine dit, c'est un chapitre riche en emotions.
maria1969- Diplomé ABédien
- Nombre de messages : 389
Date d'inscription : 09/12/2012
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Magnifique chapitre entre José,Nico et les garçons . Et bien sur la soirée "souvenirs" avec Hélène et leurs chansons. Merci et bravo.
Nia64- Incoll-AB
-
Nombre de messages : 3025
Age : 39
Localisation : Pays Basque Saint Etienne de Baïgorry/Saint Jean Pied de Port
Couple préféré : Héléne/Nicolas José/Benedicte JoJo/CriCri Jeanne/Peter Nicky/Léa Cathy/Etienne Christian/Fanny
Loisirs : lecture, animaux, tennis , rugby, forumer, loto
Date d'inscription : 01/09/2014
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
A quand une suite Madeleine Lover ?? ça nous manque !!!!
Sylvie- ABdien confirmé
-
Nombre de messages : 900
Age : 42
Couple préféré : hélène et Nico -José et Béné
Loisirs : tv, internet
Date d'inscription : 27/02/2010
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Sylvie a écrit:A quand une suite Madeleine Lover ?? ça nous manque !!!!
Demain la 17ème est prévue!!!
Madeleine lover- Diplomé ABédien
- Nombre de messages : 241
Couple préféré : Hélène/ Nicolas
Loisirs : Guitare, Dessin, BD, Ecriture
Date d'inscription : 30/10/2016
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Madeleine lover a écrit:Sylvie a écrit:A quand une suite Madeleine Lover ?? ça nous manque !!!!
Demain la 17ème est prévue!!!
Sylvie- ABdien confirmé
-
Nombre de messages : 900
Age : 42
Couple préféré : hélène et Nico -José et Béné
Loisirs : tv, internet
Date d'inscription : 27/02/2010
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
ça c'est une bonne nouvelle,vivement demain !
sandrineL- Grand maître AB
-
Nombre de messages : 5845
Localisation : picardie
Date d'inscription : 12/07/2010
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
Chose promise, chose due ! Voici la suite de cette histoire !
En espérant qu’elle vous plaise toujours et je vous promets une suite plus rapide que celle-ci !
Belle lecture ! Et merci pour tous vos doux mots !
L’été est installé. Il le sent dans la brise douce qui vient lui chatouiller le visage. Dans le chant des sauterelles, dans l’odeur du blé pas encore coupé ; Dans la chaleur permanente qui s’abat sur leur petit coin de Paradis.
Il est allongé dans l’herbe haute qu’Hélène n’a pas le cœur de tondre. Elle aime trop les fleurs sauvages et l’odeur qui s’en dégage, et puis Tabatha et ses petits aiment s’amuser à être des grands chasseurs, courant derrière chaque brin, se cachant puis sautant de nouveau dans une surprise qui n’effraie personne.
Surtout pas le Baron.
Il soupire.
Sourit.
Elle lui manque.
Elle doit revenir ce soir, n’est partie qu’avant hier avec Cathy, mais qu’importe, elle lui manque.
Il veut la voir, la serrer dans ses bras, redécouvrir son corps, ses lèvres. Ses rêves.
Il secoue la tête, se demande qui sont les vrais adolescents dans cette maison. Jack, Julien et Alice ou bien José et lui, se perdant de nouveau dans leurs amours de jeunesse comme s’ils avaient encore vingt ans. Ou quinze.
Des pas pressés contre la terre chaude arrêtent ses pensées. Moins de cinq secondes plus tard Gabriel déboule, prenant place à califourchon sur le torse de son père.
Ce dernier a la respiration coupée une seconde, avant qu’il ne prenne soin de replacer son fils à un endroit qui lui permette de respirer et de parler.
Bien que son fils ne lui en laisse pas le temps.
_Pourquoi ils crient tout le temps José et Béné ? Il demande dans un sourire. Avant de couper un brin d’herbe et de jouer avec.
Nicolas sourit, imagine la scène qui se joue à l’intérieur de la maison.
_Parce qu’ils s’aiment. Il répond.
_Ils s’aiment alors ils crient ? Questionne de nouveau Gabi, ne comprenant pas ce que son père essaye de lui expliquer.
_C’est leur façon à eux de se dire « je t’aime » tout le temps… Tant qu’ils se crient dessus, pour des bêtises souvent, ça veut dire que l’autre leur importe toujours. Ils s’engueulent mais ils s’écoutent…
_Et après il se réconcilient ! Rigole son fils.
_Exactement ! Et si tu veux connaître un secret ?
Son fils hoche la tête, enthousiaste et curieux.
_C’est le moment que José préfère !
Gabriel éclate de nouveau de rire, avant de se calmer et d’observer de nouveau son père.
_Pourquoi toi tu cries pas avec Maman ?
Nicolas rit doucement avant de répondre.
_Parfois on se crie dessus…
_Mais pas comme José et Béné…
Le photographe soupire, se relève en position assise, installe le petit garçon en face de lui, entre ses jambes.
_Parce qu’on a fait trop de bêtises avec ta Maman, des bêtises qui nous ont coûté beaucoup d’années de bonheur et maintenant qu’on s’est retrouvé, on profite juste… On fait plus attention…
_C’est parce que tu as peur ? Demande Gabriel.
_Peur ?
_Que Maman elle t’aime plus un jour ?
Il a le souffle coupé, une seconde.
Est-ce qu’il a peur ? Est-ce qu’un jour elle arrêtera de l’aimer ? Est-ce qu’un jour il finira, ici aussi, sur un canapé pourri dans le salon aux mille souvenirs ?
Il ne sait pas. Veut le dire à son fils, mais ce dernier sourit, il s’approche et vient poser sa main d’enfant sur le visage vieilli qui lui ressemble.
_Tu devrais pas avoir peur, Eli il m’a dit ce que c’était votre secret.
_Notre secret ?
Gabi hoche la tête avant de murmurer.
_Il m’a dit que votre secret c’était le silence…
_Le silence ?
Le petit garçon sourit encore, plus fort.
_Il a dit qu’avec sa Maman à lui, jamais il y avait de silence que pour vous. Il y avait des grands cris ou juste des… je sais plus comment il a dit mais c’était comme des méchancetés…
_Du cynisme ?
_Ça, il a dit Eli ! S’exclame Gabriel fièrement.
_Et quel rapport avec le silence ?
_Et bin que avec Maman, ma Maman à moi vous vous compreniez sans avoir besoin de mots, comme si vous partagiez un même cœur…
Nicolas rit doucement, voudrait lui dire que ça serait plus une même tête, un même esprit mais trouve la remarque touchante, mignonne… et vraie.
Il la laisse clôturer leur débat. Embrasse le front de son plus jeune fils avant de demander.
_Où est ton frère d’ailleurs ?
Gabriel hausse les épaules comme si la réponse était évidente.
_Il choisit sa chambre, avec Diego et Léa ! Répond le garçonnet en se levant.
Le photographe le suit, attrape sa main avant de se diriger vers la maison.
C’est bientôt l’heure du goûter et aujourd’hui c’est lui qui est de corvée de crêpes.
_Alors laquelle ils ont choisi ? Il demande en grimpant les marches du perron.
_Ils étaient pas trop d’accord, c’est pour ça que moi ch’uis parti parce que Jojo, Pac’ et moi on a choisi la nôtre déjà… Il explique avec un air malicieux.
_C’est pour ça ou parce que Chris t’a demandé de ranger ta presque nouvelles chambre, pour qu’on finisse de peindre le dernier mur ?
Gabriel rigole, lâche la main de son père en apercevant Paco descendre une caisse de peluches, court vers lui, se retourne une dernière fois pour avouer.
_Un peu des deux…
Et s’enfuit dans un rire.
Quand il entre dans la cuisine il trouve José, un café devant lui et la tête dans les mains.
Il fronce les sourcils et demande :
_Ça va?
Le restaurateur sursaute avant de sourire à son pote de toujours.
Un sourire suspect.
Heureux… Mais pas que.
Soudain Nicolas remarque quelque chose dans la chevelure grisonnante de son meilleur ami, deux brins de pailles s’entremêlent avec les boucles blanchies.
_Tu savais qu’elles avaient aménagé une partie de la Grange ? Demande José, l’œil étincelant.
_Ouais…
_Et tu savais que cette partie était résistante aux appels incessants de n’importe quel enfant ?
Le photographe se sert une tasse de café avant de s’asseoir en face de son ami, un rire au coin des yeux.
_Je le savais…
_Et est-ce que tu savais que faire l’amour après s’être engueuler avec la femme de sa vie c’est vraiment le pied INTER-GALAC-TIQUE !
Les deux amis éclatent de rire en même temps, avant de trinquer avec leurs tasses de caféine.
Un silence agréable prend place avant que José ne le brise de nouveau.
_T’as su quand pour la Grange ?
Nicolas cache son sourire dans sa tasse.
_Tu me dois bien ça Nico… Déjà parce que tu n’as pas partagé cette précieuse information…
_Hey ! C’est à Béné de te dire ce genre de trucs, j’ai aucunement envie de me retrouver dans cette partie de la Grange avec toi mon Poulet !
_Tu rigoles ? Est-ce que tu sais combien de fois on a failli se faire prendre par un des gamins ? Tes fils étant d’ailleurs très insistants !
_Nan le pire c’est Diego…
_Alors vous aussi ?
_On vit avec dix enfants dans cette maison José, tu crois vraiment qu’on a pu y échapper ?
_Putain de Marmaille… Murmure le sud américain dans un sourire.
Il laisse passer une seconde avant de revenir à la charge.
_Alors quand ?
Nico rit, puis abdique.
_Le deuxième jour après notre retour…
_Quoi ?! Putain mais c’est même avant que t’es négocié de passer la nuit avec elle…
Son pote ne dit rien, un peu fier, un peu mélancolique déjà de ces premiers instants d’intimité retrouvés. Quand ils ont appris à se redécouvrir tout en connaissant chaque chapitre par cœur.
_Elle te manque ? Demande José en le sortant de ses souvenirs;
_Elle est partie deux jours pour renégocier son contrat avec La Chaine de l’Espoir, je vais survivre.
L’autre le regarde d’un air entendu.
_Elle rentre ce soir…
_Elle te manque.
_Je suis pathétique…
_On l’est tous, Pépère… on l’est tous… Le rassure son meilleur ami.
_Non pas tous, les gars ! Lance Christian en entrant dans la cuisine.
_Mais toi t’es hors championnat ! Balance José en riant.
_Hors compétition, tu veux dire plutôt. Rétorque Christian. Parce que le jour où la gente féminine verra enfin tout mon potentiel, les mecs, vous serez dans la merde !
Ces potes rient avec lui avant que Nicolas ne demande :
_Alors la répartition des chambres, on en est où ?
_Le troisième étage est réglé. Et comme on a fini de l’aménager les grands sont en train de s’y installer. Julien a les combles, Alice la chambre du fond avec sa propre salle de bain, et Jack celle d’en face, je garde celle avec la fenêtre hublot.
_Léa prend la chambre terminée du deuxième, l’ancienne de Laly, Diego et Eli, celle qui lui est adjacente. Tara celle d’en face, Hélène et toi gardez la votre et celle de Béné et moi est à terminer pour nos trois mousquetaires. Continue d’expliquer José.
Nicolas hoche la tête.
_Donc il ne nous restera plus que le premier ? Aves vos chambres, les deux bureaux et la chambre d’amis ?
_Plus les salles de bains, les couloirs et la chambre de plus qu’on veut faire dans l’ancien moulin… Assure Christian.
_Mais après la Bretagne ! Intervient José dans un sourire.
_Après la Bretagne ! Assurent ses deux amis.
_Tu as eu Jeanne ? Demande le restaurateur à son ami.
Nicolas secoue la tête, désolé.
_Pas depuis l’embrouille de faire rester Eli deux semaines de plus, elle voulait vraiment l’emmener chez ses parents… Alors négocier encore deux semaines…
Le photographe soupire.
Ses potes partagent un regard avant que Christian ne pose la question qui pèse au-dessus d’eux comme une épée de Damoclès.
_ Tu vas faire quoi pour la rentrée Nico ?
_Eli veut rester là… Commence le guitariste.
_Je pense qu’on sait tout ce que veut Eli. Assure José.
_Mais biologiquement…
_C’est des conneries ça, tu le sais ! Putain il a ton nom, ce môme. Il est… Il est comme toi ! S’insurge le pianiste.
_Il a raison, faut que tu négocies quelque chose avec Jeanne… Commence Christian. Il hésite un instant avant de terminer.
_Ou alors que tu te décides à prendre un avocat.
Le silence qui suit est lourd. Lourd de décisions à prendre. Lourd d’un passé pas si facile à oublier. À effacer. Un passé qui sans cesse leur rappelle les erreurs commises, et le temps perdu.
Les pas pressés dans les escaliers les sortent de leur torpeur décisionnelle, comme les rires qui les accompagnent. Puis finalement Julien est le premier à entrer dans la cuisine, barrant l’entrée au reste de sa tribu.
_Je sais pas où en sont les crêpes, mais va falloir accélérer la préparation ! Il dit dans un sourire.
_Pourquoi vous avez faim ? Sourit José.
_Nous oui, mais Laly encore plus…
Et dans un même mouvement les trois hommes se lèvent et se tournent vers les fourneaux.
Il sent sa présence avant même de la voir. Elle n’attend pas qu’il se retourne, enveloppe seulement ses bras autour de ses épaules, inspire son parfum.
_Mmmh, tu m’as manqué… Elle dit en essayant de cacher son sourire.
Nicolas rit.
_Toi aussi tu m’as manqué. Tellement que José m’a charrié…
C’est elle qui rit. Puis elle le laisse se lever, le laisse la prendre dans ses bras, s’imprègne un instant de ses traits, de ses yeux, avant de laisser ses lèvres goûter aux siennes.
_Alors ce contrat ? Il demande.
_Renégocier, comme je le voulais, à partir de Septembre.
_Parfait ! Sourit Nicolas.
_Vous êtes obligés de rester maintenant, vous êtes nos baby-sitters attitrés !
Le photographe sourit.
_On n’est obligé de rien, puisqu’on veut rester !
_Ah oui c’est vrai…
Ils partagent un autre baiser.
_Béné a montré le « havre de paix » à José.
_Il fallait bien que ça arrive. Rigole Hélène. Avec Diego et Eli qui semblent se complaire dans leur rôle d’espions à n’importe quelle heure.
_Ouais mais maintenant il va falloir qu’on mette en place un planning… ou quelque chose… un truc…
La chanteuse rit de nouveau.
_T’inquiètes pas. En plus avec le nouvel arrangement des chambres on devrait être relativement plus tranquille.
_Mouais…
Elle embrasse sa moue boudeuse, avant de saisir sa main.
_Je n’ai vu personne…
_Ils sont dans le champ de Popeye, Georges a ramené un télescope, c’est la nuit parfaite pour observer les cratères lunaires. Ils sont en train de tout installer.
_On va les rejoindre ?
Le musicien hoche la tête avant de se laisser guider hors de la terrasse.
Ils sont à l’angle de la maison, quand Jolan, Gabriel, Paco, Diego et Elias les aperçoivent. Ils arrivent en courant, excités par le retour d’Hélène et par la nuit qui s’annonce, ils vont pour ouvrir la bouche quand une voiture vient déraper sur le gravier.
Tous tournent la tête vers les nouveaux arrivants. Paco saisissant la main de Jolan, ce dernier se cachant, un peu derrière Nicolas. Plus loin Béné, José, Cathy et Laly ont, eux aussi, vu la voiture arriver. Christian vient de sortir de la maison.
Une portière s’ouvre, une seconde.
_Des nouveaux amis ? Demande Gabi.
Nicolas a reconnu les silhouettes.
Soupire.
Elias fait de même puis regardant son frère.
_Non… Elle c’est ma mère…et lui c’est…
_Jimmy. Termine Gabriel.
Et sur l’horizon des nuages se forment, menaçant la clarté naissante d’une nuit étoilée.
A suivre.
En espérant qu’elle vous plaise toujours et je vous promets une suite plus rapide que celle-ci !
Belle lecture ! Et merci pour tous vos doux mots !
17.
L’été est installé. Il le sent dans la brise douce qui vient lui chatouiller le visage. Dans le chant des sauterelles, dans l’odeur du blé pas encore coupé ; Dans la chaleur permanente qui s’abat sur leur petit coin de Paradis.
Il est allongé dans l’herbe haute qu’Hélène n’a pas le cœur de tondre. Elle aime trop les fleurs sauvages et l’odeur qui s’en dégage, et puis Tabatha et ses petits aiment s’amuser à être des grands chasseurs, courant derrière chaque brin, se cachant puis sautant de nouveau dans une surprise qui n’effraie personne.
Surtout pas le Baron.
Il soupire.
Sourit.
Elle lui manque.
Elle doit revenir ce soir, n’est partie qu’avant hier avec Cathy, mais qu’importe, elle lui manque.
Il veut la voir, la serrer dans ses bras, redécouvrir son corps, ses lèvres. Ses rêves.
Il secoue la tête, se demande qui sont les vrais adolescents dans cette maison. Jack, Julien et Alice ou bien José et lui, se perdant de nouveau dans leurs amours de jeunesse comme s’ils avaient encore vingt ans. Ou quinze.
Des pas pressés contre la terre chaude arrêtent ses pensées. Moins de cinq secondes plus tard Gabriel déboule, prenant place à califourchon sur le torse de son père.
Ce dernier a la respiration coupée une seconde, avant qu’il ne prenne soin de replacer son fils à un endroit qui lui permette de respirer et de parler.
Bien que son fils ne lui en laisse pas le temps.
_Pourquoi ils crient tout le temps José et Béné ? Il demande dans un sourire. Avant de couper un brin d’herbe et de jouer avec.
Nicolas sourit, imagine la scène qui se joue à l’intérieur de la maison.
_Parce qu’ils s’aiment. Il répond.
_Ils s’aiment alors ils crient ? Questionne de nouveau Gabi, ne comprenant pas ce que son père essaye de lui expliquer.
_C’est leur façon à eux de se dire « je t’aime » tout le temps… Tant qu’ils se crient dessus, pour des bêtises souvent, ça veut dire que l’autre leur importe toujours. Ils s’engueulent mais ils s’écoutent…
_Et après il se réconcilient ! Rigole son fils.
_Exactement ! Et si tu veux connaître un secret ?
Son fils hoche la tête, enthousiaste et curieux.
_C’est le moment que José préfère !
Gabriel éclate de nouveau de rire, avant de se calmer et d’observer de nouveau son père.
_Pourquoi toi tu cries pas avec Maman ?
Nicolas rit doucement avant de répondre.
_Parfois on se crie dessus…
_Mais pas comme José et Béné…
Le photographe soupire, se relève en position assise, installe le petit garçon en face de lui, entre ses jambes.
_Parce qu’on a fait trop de bêtises avec ta Maman, des bêtises qui nous ont coûté beaucoup d’années de bonheur et maintenant qu’on s’est retrouvé, on profite juste… On fait plus attention…
_C’est parce que tu as peur ? Demande Gabriel.
_Peur ?
_Que Maman elle t’aime plus un jour ?
Il a le souffle coupé, une seconde.
Est-ce qu’il a peur ? Est-ce qu’un jour elle arrêtera de l’aimer ? Est-ce qu’un jour il finira, ici aussi, sur un canapé pourri dans le salon aux mille souvenirs ?
Il ne sait pas. Veut le dire à son fils, mais ce dernier sourit, il s’approche et vient poser sa main d’enfant sur le visage vieilli qui lui ressemble.
_Tu devrais pas avoir peur, Eli il m’a dit ce que c’était votre secret.
_Notre secret ?
Gabi hoche la tête avant de murmurer.
_Il m’a dit que votre secret c’était le silence…
_Le silence ?
Le petit garçon sourit encore, plus fort.
_Il a dit qu’avec sa Maman à lui, jamais il y avait de silence que pour vous. Il y avait des grands cris ou juste des… je sais plus comment il a dit mais c’était comme des méchancetés…
_Du cynisme ?
_Ça, il a dit Eli ! S’exclame Gabriel fièrement.
_Et quel rapport avec le silence ?
_Et bin que avec Maman, ma Maman à moi vous vous compreniez sans avoir besoin de mots, comme si vous partagiez un même cœur…
Nicolas rit doucement, voudrait lui dire que ça serait plus une même tête, un même esprit mais trouve la remarque touchante, mignonne… et vraie.
Il la laisse clôturer leur débat. Embrasse le front de son plus jeune fils avant de demander.
_Où est ton frère d’ailleurs ?
Gabriel hausse les épaules comme si la réponse était évidente.
_Il choisit sa chambre, avec Diego et Léa ! Répond le garçonnet en se levant.
Le photographe le suit, attrape sa main avant de se diriger vers la maison.
C’est bientôt l’heure du goûter et aujourd’hui c’est lui qui est de corvée de crêpes.
_Alors laquelle ils ont choisi ? Il demande en grimpant les marches du perron.
_Ils étaient pas trop d’accord, c’est pour ça que moi ch’uis parti parce que Jojo, Pac’ et moi on a choisi la nôtre déjà… Il explique avec un air malicieux.
_C’est pour ça ou parce que Chris t’a demandé de ranger ta presque nouvelles chambre, pour qu’on finisse de peindre le dernier mur ?
Gabriel rigole, lâche la main de son père en apercevant Paco descendre une caisse de peluches, court vers lui, se retourne une dernière fois pour avouer.
_Un peu des deux…
Et s’enfuit dans un rire.
Quand il entre dans la cuisine il trouve José, un café devant lui et la tête dans les mains.
Il fronce les sourcils et demande :
_Ça va?
Le restaurateur sursaute avant de sourire à son pote de toujours.
Un sourire suspect.
Heureux… Mais pas que.
Soudain Nicolas remarque quelque chose dans la chevelure grisonnante de son meilleur ami, deux brins de pailles s’entremêlent avec les boucles blanchies.
_Tu savais qu’elles avaient aménagé une partie de la Grange ? Demande José, l’œil étincelant.
_Ouais…
_Et tu savais que cette partie était résistante aux appels incessants de n’importe quel enfant ?
Le photographe se sert une tasse de café avant de s’asseoir en face de son ami, un rire au coin des yeux.
_Je le savais…
_Et est-ce que tu savais que faire l’amour après s’être engueuler avec la femme de sa vie c’est vraiment le pied INTER-GALAC-TIQUE !
Les deux amis éclatent de rire en même temps, avant de trinquer avec leurs tasses de caféine.
Un silence agréable prend place avant que José ne le brise de nouveau.
_T’as su quand pour la Grange ?
Nicolas cache son sourire dans sa tasse.
_Tu me dois bien ça Nico… Déjà parce que tu n’as pas partagé cette précieuse information…
_Hey ! C’est à Béné de te dire ce genre de trucs, j’ai aucunement envie de me retrouver dans cette partie de la Grange avec toi mon Poulet !
_Tu rigoles ? Est-ce que tu sais combien de fois on a failli se faire prendre par un des gamins ? Tes fils étant d’ailleurs très insistants !
_Nan le pire c’est Diego…
_Alors vous aussi ?
_On vit avec dix enfants dans cette maison José, tu crois vraiment qu’on a pu y échapper ?
_Putain de Marmaille… Murmure le sud américain dans un sourire.
Il laisse passer une seconde avant de revenir à la charge.
_Alors quand ?
Nico rit, puis abdique.
_Le deuxième jour après notre retour…
_Quoi ?! Putain mais c’est même avant que t’es négocié de passer la nuit avec elle…
Son pote ne dit rien, un peu fier, un peu mélancolique déjà de ces premiers instants d’intimité retrouvés. Quand ils ont appris à se redécouvrir tout en connaissant chaque chapitre par cœur.
_Elle te manque ? Demande José en le sortant de ses souvenirs;
_Elle est partie deux jours pour renégocier son contrat avec La Chaine de l’Espoir, je vais survivre.
L’autre le regarde d’un air entendu.
_Elle rentre ce soir…
_Elle te manque.
_Je suis pathétique…
_On l’est tous, Pépère… on l’est tous… Le rassure son meilleur ami.
_Non pas tous, les gars ! Lance Christian en entrant dans la cuisine.
_Mais toi t’es hors championnat ! Balance José en riant.
_Hors compétition, tu veux dire plutôt. Rétorque Christian. Parce que le jour où la gente féminine verra enfin tout mon potentiel, les mecs, vous serez dans la merde !
Ces potes rient avec lui avant que Nicolas ne demande :
_Alors la répartition des chambres, on en est où ?
_Le troisième étage est réglé. Et comme on a fini de l’aménager les grands sont en train de s’y installer. Julien a les combles, Alice la chambre du fond avec sa propre salle de bain, et Jack celle d’en face, je garde celle avec la fenêtre hublot.
_Léa prend la chambre terminée du deuxième, l’ancienne de Laly, Diego et Eli, celle qui lui est adjacente. Tara celle d’en face, Hélène et toi gardez la votre et celle de Béné et moi est à terminer pour nos trois mousquetaires. Continue d’expliquer José.
Nicolas hoche la tête.
_Donc il ne nous restera plus que le premier ? Aves vos chambres, les deux bureaux et la chambre d’amis ?
_Plus les salles de bains, les couloirs et la chambre de plus qu’on veut faire dans l’ancien moulin… Assure Christian.
_Mais après la Bretagne ! Intervient José dans un sourire.
_Après la Bretagne ! Assurent ses deux amis.
_Tu as eu Jeanne ? Demande le restaurateur à son ami.
Nicolas secoue la tête, désolé.
_Pas depuis l’embrouille de faire rester Eli deux semaines de plus, elle voulait vraiment l’emmener chez ses parents… Alors négocier encore deux semaines…
Le photographe soupire.
Ses potes partagent un regard avant que Christian ne pose la question qui pèse au-dessus d’eux comme une épée de Damoclès.
_ Tu vas faire quoi pour la rentrée Nico ?
_Eli veut rester là… Commence le guitariste.
_Je pense qu’on sait tout ce que veut Eli. Assure José.
_Mais biologiquement…
_C’est des conneries ça, tu le sais ! Putain il a ton nom, ce môme. Il est… Il est comme toi ! S’insurge le pianiste.
_Il a raison, faut que tu négocies quelque chose avec Jeanne… Commence Christian. Il hésite un instant avant de terminer.
_Ou alors que tu te décides à prendre un avocat.
Le silence qui suit est lourd. Lourd de décisions à prendre. Lourd d’un passé pas si facile à oublier. À effacer. Un passé qui sans cesse leur rappelle les erreurs commises, et le temps perdu.
Les pas pressés dans les escaliers les sortent de leur torpeur décisionnelle, comme les rires qui les accompagnent. Puis finalement Julien est le premier à entrer dans la cuisine, barrant l’entrée au reste de sa tribu.
_Je sais pas où en sont les crêpes, mais va falloir accélérer la préparation ! Il dit dans un sourire.
_Pourquoi vous avez faim ? Sourit José.
_Nous oui, mais Laly encore plus…
Et dans un même mouvement les trois hommes se lèvent et se tournent vers les fourneaux.
Il sent sa présence avant même de la voir. Elle n’attend pas qu’il se retourne, enveloppe seulement ses bras autour de ses épaules, inspire son parfum.
_Mmmh, tu m’as manqué… Elle dit en essayant de cacher son sourire.
Nicolas rit.
_Toi aussi tu m’as manqué. Tellement que José m’a charrié…
C’est elle qui rit. Puis elle le laisse se lever, le laisse la prendre dans ses bras, s’imprègne un instant de ses traits, de ses yeux, avant de laisser ses lèvres goûter aux siennes.
_Alors ce contrat ? Il demande.
_Renégocier, comme je le voulais, à partir de Septembre.
_Parfait ! Sourit Nicolas.
_Vous êtes obligés de rester maintenant, vous êtes nos baby-sitters attitrés !
Le photographe sourit.
_On n’est obligé de rien, puisqu’on veut rester !
_Ah oui c’est vrai…
Ils partagent un autre baiser.
_Béné a montré le « havre de paix » à José.
_Il fallait bien que ça arrive. Rigole Hélène. Avec Diego et Eli qui semblent se complaire dans leur rôle d’espions à n’importe quelle heure.
_Ouais mais maintenant il va falloir qu’on mette en place un planning… ou quelque chose… un truc…
La chanteuse rit de nouveau.
_T’inquiètes pas. En plus avec le nouvel arrangement des chambres on devrait être relativement plus tranquille.
_Mouais…
Elle embrasse sa moue boudeuse, avant de saisir sa main.
_Je n’ai vu personne…
_Ils sont dans le champ de Popeye, Georges a ramené un télescope, c’est la nuit parfaite pour observer les cratères lunaires. Ils sont en train de tout installer.
_On va les rejoindre ?
Le musicien hoche la tête avant de se laisser guider hors de la terrasse.
Ils sont à l’angle de la maison, quand Jolan, Gabriel, Paco, Diego et Elias les aperçoivent. Ils arrivent en courant, excités par le retour d’Hélène et par la nuit qui s’annonce, ils vont pour ouvrir la bouche quand une voiture vient déraper sur le gravier.
Tous tournent la tête vers les nouveaux arrivants. Paco saisissant la main de Jolan, ce dernier se cachant, un peu derrière Nicolas. Plus loin Béné, José, Cathy et Laly ont, eux aussi, vu la voiture arriver. Christian vient de sortir de la maison.
Une portière s’ouvre, une seconde.
_Des nouveaux amis ? Demande Gabi.
Nicolas a reconnu les silhouettes.
Soupire.
Elias fait de même puis regardant son frère.
_Non… Elle c’est ma mère…et lui c’est…
_Jimmy. Termine Gabriel.
Et sur l’horizon des nuages se forment, menaçant la clarté naissante d’une nuit étoilée.
A suivre.
Madeleine lover- Diplomé ABédien
- Nombre de messages : 241
Couple préféré : Hélène/ Nicolas
Loisirs : Guitare, Dessin, BD, Ecriture
Date d'inscription : 30/10/2016
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
ça valait la peine d'être "à peu près patiente,lol" pour lire une si belle suite !
les travaux avancent à grands pas avec les hommes ! les enfants qui s'approprient leurs chambres !
discussion drôle entre nico et José ) propos du repère amoureux ! pas mal l'idée avec une tribu pareille, les moments d'intimité doivent être un peu compliqués mais quand on veut on peut
la fin de ton chapitre annonce les ennuis j'en ai bien peur !
Merci et bravo, ta fic est toujours aussi intéressante, il me tarde de savoir ce que veut vraiment Jeanne ?
les travaux avancent à grands pas avec les hommes ! les enfants qui s'approprient leurs chambres !
discussion drôle entre nico et José ) propos du repère amoureux ! pas mal l'idée avec une tribu pareille, les moments d'intimité doivent être un peu compliqués mais quand on veut on peut
la fin de ton chapitre annonce les ennuis j'en ai bien peur !
Merci et bravo, ta fic est toujours aussi intéressante, il me tarde de savoir ce que veut vraiment Jeanne ?
sandrineL- Grand maître AB
-
Nombre de messages : 5845
Localisation : picardie
Date d'inscription : 12/07/2010
Re: DEBOUT SUR LES PISSENLITS (TERMINEE-PG-13)
La petite communauté s'organise petit à petit dans un joyeux désordre
J'ai bien l'impression que l'arrivée de Jeanne et Jimmy va un peu casser l'ambiance!
J'ai bien l'impression que l'arrivée de Jeanne et Jimmy va un peu casser l'ambiance!
Kimmy- Pilier du forum
- Nombre de messages : 12826
Age : 43
Couple préféré : Johanna/Cricri, Jojo's, Cathy/Etienne
Loisirs : #ROCHELLE SUPPORT TEAM#
Date d'inscription : 18/04/2007
Page 5 sur 7 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Sujets similaires
» Come And Get Your Love [TERMINÉE -PG13]
» WHITE FLAG [TERMINÉE-PG-13]
» ANNONCE : Posez vos question a Sebastien Roch TERMINEE
» WHITE FLAG [TERMINÉE-PG-13]
» ANNONCE : Posez vos question a Sebastien Roch TERMINEE
Page 5 sur 7
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Aujourd'hui à 16:52 par Sand
» [35*19] Sous le charme 15/12/2024
Aujourd'hui à 15:59 par Sand
» Spoilers Saison 35
Aujourd'hui à 15:56 par Sand
» Diffusion Saison 35
Aujourd'hui à 15:49 par Sand
» Philippe Vasseur
Hier à 22:48 par seb
» [35*16] Sous la gorge 24/11/2024
Hier à 20:31 par Steph83
» Audiences saison 35
Hier à 11:22 par UP-XIV
» Vidéos Dorothée
Hier à 10:41 par inconnu25
» Les animateurs de Récré Kids : Billy, Isis (AB prod)
Dim 24 Nov 2024 - 23:45 par Niliv