corbier

"François Corbier, ça vous dit quelque chose? Et bien oui, c'était lui, le barbu lunaire à la guitare, qui, parmi ses collègues de la clique à Dorothée, animait vos mercredis télévisés ( ou ceux de vos enfants, de vos copains de classe, vos parents...), tout au long des années 80, sur Antenne 2, puis sur TF1 ( à partir de 1987.) Pour ma part, étant né dans les années 70, je me souviens très bien de ce sympathique personnage qu'on pouvait voir dans "Récré A2 ", annoncer avec humour et décalage, des dessins animés tels que les "Mystérieuses cités d'or" dont je me délectais.

Cela dit, autant vous le dire tout de suite, mon propos n'est pas ici de vous parler du Corbier que tout le monde connaît, bref, de l'animateur de télévision pour enfants qui, à l'instar de ce cher Cabu, se gaussait du nez de Dorothée. Non, sacrebleu ! Mille fois non ! Ce qui m'importe, ce qui me motive dans cet article, c'est de vous présenter le Corbier qui m'intéresse, à savoir l'une de mes plus belles découvertes en chanson depuis le début de ce siècle! En effet, le premier "métier" de notre homme, bien avant sa longue parenthèse télévisuelle, fut d'être un authentique auteur-compositeur-interprète, et des plus talentueux !

A ce sujet, on notera au passage qu'après avoir reçu, tout jeune, les encouragements de Brassens en 1964, il s'affirma quelques années plus tard comme un des pionniers de la" chanson flash" (chanson courte à la chute aussi drôle qu'imprévisible) dont il fit reculer les limites de la concision, avec des titres n'excédant pas les vingt secondes, ou, encore plus étonnant et iconoclaste pour l'époque, des chansons de moins d'une seconde, montre en main !...François Corbier ( clin d'oeil au poète François Villon dit "de Montcorbier" ), le poète humoriste-chansonnier, était né ! Et quand il se lassera de son statut d'animateur pour la télévision, à la fin des années 90, ce sera tout naturellement pour revenir à la chanson, sa véritable vocation.

J'ai choisi de vous parler de son album intitulé sobrement "En concert" parce-que celui-ci restitue parfaitement toute la palette de cette interprétation "en live" qui s'avère particulièrement vivante, pleine de fraîcheur et de dynamisme. La réussite de cet enregistrement doit être associée à la participation d'Eric Gombart, musicien singulièrement doué, plein de ressources et d'inventivité, qui tient la seconde guitare, tandis que notre chanteur s'accompagne également avec une belle aisance, à ce même instrument. Le soutien d'Eric Gombart, tout en délicatesse, permet d'enrichir subtilement, les harmonies de chaque titre, dans un partage aussi complice qu'expressif des deux guitares, au travers de bien beaux arrangements.

Pour ce qui est du style musical, c'est assez clair : par le choix des deux instruments, ainsi que la couleur globale des arrangements, Corbier se situe dans la tradition des folksingers dont il est sans doute, d'une certaine manière, un des représentants français. On note d'ailleurs la présence d'une chanson très réussie, "R.I.K", dont la musique est de Bob Dylan, François Corbier ayant eu la bonne idée d'y superposer ses propres mots. Cela dit, le talent de ce dernier n'est pas si aisément résumable à une étiquette précise, et il est évident que sa soif de liberté l'amène à composer des mélodies extrêmement variées, mais toujours d'un grand chic, et d'une indéniable efficacité quant à la justesse de leur osmose avec les textes. De surcroît, on s'amusera à remarquer la présence de quelques belles valses, aux ryhmes et consonances plus français qu'anglo-saxons...Bref, ici comme ailleurs, l'artiste s'amuse à métisser de nombreuses influences, et il a bien raison ! Je le tiens, d'ailleurs, pour l'un des meilleurs mélodistes actuels et je suis persuadé, à cet égard, qu'on pourrait facilement réaliser de belles versions instrumentales de la plupart des titres de ce disque (comme cela a été fait avec Brassens, par exemple), tant les musiques sont agréables, et restent dans la tête au bout de quelques écoutes...

Pour en terminer avec les qualités musicales de l'artiste, je me dois de préciser qu'il a une bien jolie voix, au timbre agréable et capable de susciter une belle émotion, avec, parfois, une très légère ondulation ( pour ne pas dire "vibration" ) sur certains mots, laquelle apporte une sorte de fêlure fugitive, aussi ténue qu'expressive. Et je m'en voudrais mêmement de ne pas évoquer les qualités dont le chanteur fait montre dans ses interprétations, que ce soit dans ses chansons drôles ou plus mélancolique: une diction impeccable, un phrasé toujours judicieux et une palette subtile de comédien, dans la manière de restituer chaque phrase, chaque mot, selon son importance, avec, toujours en filigrane, une grande sobriété et un refus exemplaire du pathos et des effets faciles.

Pour autant, ce qui, pour moi, fonde l'identité profonde de l'artiste qu'est Corbier, ce sont ses dons de poète. Oui, Corbier, n'est pas un animateur télé ! C'est l'un des plus grands auteurs d'aujourd'hui ! Que ce soit dans des chansons désopilantes de drôlerie ou dans des textes plus graves, il a toujours la formule juste, la concision, et l'image qui fait mouche, avec une clarté et une élégance dans le style typiquement françaises ( et qu'on trouvait déjà chez un La Fontaine ou un Corneille, il y a quelques siècles de cela ), ainsi qu'une poésie omniprésente, parfois lunaire ou frôlant l'absurde, mais toujours pleine de justesse, de fantaisie, et d'authenticité.

Je n'ai,hélas, plus assez de place pour entrer dans le détail, et je me contenterai de vous citer les titres qui me paraissent les plus marquants, les plus réussis( ce qui est forcément subjectif...), pour vous donner, je l'espère, l'envie d'aller balader un peu vos oreilles dans ce bien bel album.

Après deux chansons drôles et efficaces, la troisième plage, "chocolat", petite fable en demi-teinte, apporte par sa jolie histoire ( qui finit plutôt mal pour son héros, l'attachant épicier ) une certaine émotion cependant que la musique, aussi enjouée qu'agréable, participe d'une légèreté bienvenue pour ne pas appuyer le propos. Par sa forme, on pense à Brassens et sa façon de croquer avec tendresse certains personnages tels que l' " Auvergnat" ou "la Jeanne".

"R.I.K" dont je parlais plus haut, est un texte très original, d'une grande pertinence, s'incrustant parfaitement à la musique de Dylan, pour faire une chanson très efficace dont le refrain pose la problématique ( "Qui a coulé l'Erika? Qui est coupable et qui est-ce qui paiera ? ") tandis que dans les couplets, chaque coupable potentiel se dégage de toute responsabilité. Ce texte, plein d'humour et d'ironie, un peu désabusé, même, en face de la lâcheté individuelle et collective de tous les protagonistes se renvoyant pitoyablement la balle, vise juste et ne manque pas ses cibles ; chaque mot, chaque phrase, chaque strophe, jaillissent, rapides et percutants, comme en un jeu de quilles vengeur. Quelle intelligence ! Quelle précision ! Un vrai petit bijou de chanson !

Quelques titres plus loin, "Pour Dieu. Pour Dieu" déroule sa gracieuse mélodie pour soutenir un superbe texte, réquisitoire à l'implacable rhétorique, contre Dieu et la religion. Ce qui est admirable ici, c'est que le ton du chanteur se fait intimiste, avec une étonnante douceur et une sorte de tristesse désabusée, sans aucune agressivité, que ce soit dans le texte( concis et délicatement ciselé ) ou la façon de l'interpréter. On se retrouve ainsi avec le magnifique paradoxe d'une chanson qui déclare la guerre à Dieu et à l'incommensurable bêtise des hommes, quand ils tuent en son nom, dans une forme des plus pacifistes qui soit ! Joli tour de force d'une exemplaire efficacité; Corbier a su trouver à la fois, l'angle d'attaque idéal, et le ton juste pour cibler au mieux son sujet ! Chapeau l'artiste ! Léo Ferré ou Allain Leprest, sur ce thème, auraient sans doute été plus violents, plus âpres...Corbier se contente de chanter doucement sa peine, sans appuyer, comme une plainte un peu sourde, à l'instar d'un Verlaine ou d'un Laforgue.

Je manque ici de place pour m'étaler à ma guise, mais je voudrais tout de même évoquer "la savane", chanson pleine d'une fantaisie étrange, aux limites du surréalisme, avec ses belles images féériques, et ses notations tour à tour cocasses ou plus graves, pleines d'émotion.

Emotion toujours avec "Jean Jean" , magnifique valse sur un texte prégnant, toujours d'une grande classe littéraire, abordant un sujet original: une maman dont la vie est constamment accrochée à son fils, "le petit Jean Jean" qui "dort à côté" et dont on comprend vite qu'il est lourdement handicapé, bref, qu'il "fait légume chez sa maman"...Par le biais de ses qualités exceptionnelles d'auteur, Corbier peint le tableau avec autant de justesse que de tendresse, arrivant même à nous faire sourire, entre deux larmes, par la délicatesse et la pudeur d'un humour des plus élégants.

Mais Corbier, c'est aussi souvent, une drôlerie irrésistible et un comique des plus débridés ! Aussi, pour terminer, je ne résiste pas au plaisir de vous signaler ce titre à .mourir de rire, "les Bahamas", à l'humour "cartoonesque", assez cruel, et qui me fait penser aux dessins animés de Tex Avery par l'avalanche de tuiles (au sens figuré) qui tombent sur la tête du héros jusqu'à la chute finale!

Bref, vous l'avez compris, non d'une pipe ! Corbier est un artiste qui n'en a pas fini de nous étonner !"

Évacuons immédiatement la question que vous vous poserez en lisant ces lignes : OUI, nous parlons bien du Corbier que les accros téléphages des années 80 adoraient dans les émis- sions enfantines.

Depuis, l’artiste a repris la place que la chanson française lui avait gardé : celle où les bons mots s’amusent entre eux, celle où parfois le rire laisse place à l’émotion en un clin d’oeil.

Au premier coup d’œil, nous avons été terrassés par l’hu- manité qui se dégage du grand bonhomme qui arrive sur scène. Au fil des chansons, on est ravi de cette découverte, du temps passé là à l’écouter nous raconter les histoires qu’il s’invente.

Pas de chapeau. Pas de casquette non plus ! Pas de beret ! Je viens à vous tête nue et le poils épars comme disait une bouteille d’eau ! Comme je ne savais avec quel cliché illustrer cet articulet, et que j’avais sous le coude cette photo avec Yves Duteil, je vous en fait profiter, mais franchement elle n’a rien à voir avec ce qui suit.

Toujours dans le droit fil de ces enchainement très concèziens, nous retrouvons avec grand plaisir sur scène l’iconoclaste François Corbier. Oui, LE Corbier, celui-là même, mais un Corbier débarrassé de son encombrant passé télévisuel, qu’il ne renie d’ailleurs absolument pas, à tel point que le titre initial de son autobiographie était Vous étiez dans Dorothée ? Non, j’étais à côté ! Musicalement, il fait son chemin dans une veine résolument bluesy, voire country ou manouche, entouré de très bons musiciens (2 guitares, accordéon, contrebasse). Rappelant un peu en cela Wally, il se plait à intercaler entre les titres des chansons aussi courtes qu’hilarantes, sortes de haïkus hara-kiresques irrésistibles et bourrés d’humour noir. Une pêche d’enfer très communicative, par exemple lorsque le public le suit sur Les chanteurs de l’ossuaire, hommage à ces artistes vendant bien plus d’albums après leur mort… Et l’on s’amuse à reconnaitre entre les mots les carrières esquissées de Claude François, Brassens, Boby Lapointe, Gainsbourg, Dalida ou François Corbier… ! Il sait se faire aussi héraut d’une noble cause sur une belle adaptation écolo du Qui a tué Davy Moore ?, une chanson dit-il écrite en collaboration avec Bob Dylan, qui ne le sait pas… Mais derrière le nez rouge apparait volontiers, au détour d’un titre très poignant, une vraie tendresse emplie de bonhommie. Maitre Corbier sur sa guitare perchée…

François Corbier a fait chanter toute une génération d'enfants dans "Le Club Dorothée". Aujourd'hui, AB Productions est un lointain souvenir, et le musicien fait ce qu'il a toujours aimé faire : chanter des chansons satiriques. Il nous raconte pourquoi il a quitté le milieu de la télé, et pourquoi nous le voyons si peu dans les médias.

Génération 80'S: François corbier bonjour , comment vous portez vous ?
François Corbier : Je me porte sur mes deux pieds ce qui est une chance car si j'étais cul de jatte ce ne serait pas possible.

G80'S: le 16 décembre D8 diffusera en prime-time une émission spéciale " GÉNÉRATION CLUB DOROTHÉE ".
Vous serez de la partie ?

F.C : On m'a invité et j'ai accepté avec plaisir de m'y rendre, mais ce sera la dernière fois qu'on me verra dans une émission de télévision pour faire la promo d'un concept qui a disparu de l'antenne depuis dix sept ans.

G80'S : GEORGES BRASSENS est quelqu'un qui compte beaucoup pour vous. Racontez-nous pourquoi.
F.C : J'ai eu le plaisir, lorsque j'avais dix sept ans, de le rencontrer et de lui chanter, dans sa loge, quelques unes de mes premières chansonnettes. Elles l'avaient amusé et il avait eu l'amabilité de m'encourager à poursuivre dans cette voie. J'ai eu la faiblesse de m'y appliquer...

G80'S : C'est Jaqueline Joubert , directrice des programmes jeunesse D'ANTENNE 2 qui vous repère et vous propose d'intégrer l'équipe de RÉCRÉ A2 .
Vous avez accepté tout de suite ?
F.C : Oui. Tout de suite. Je ne connaissais pas cette émission ni son animatrice mais fort du principe que toute expérience est bonne, j'aurai bien eu tord de ne pas m'essayer à cet exercice et puis je ne pensais pas qu'on me garderai bien longtemps... J'arrivais du cabaret "Rive gauche" et des théâtres de chansonniers... J'étais à des années lumière du monde de l'enfance. J'ai eu beaucoup de chance. On m'a gardé...

G80'S : Comment était l'ambiance avec l'équipe pendant les années DOROTHÉE ?
Plutôt bonne. On me laissait faire et dire ce que je désirai. Je pouvais faire le pitre sans qu'on me tape sur les doigts. Il y a des boulots pires.

G80'S: En préparant cette interview nous avons concerté des fans.
Ils souhaitent unanimement vous dire que vous leur manquez .
Cela vous touche ?
F.C : Oui. Ça me touche en effet, mais, sans vouloir leur faire de la peine, ma vie est désormais ailleurs et je ne vois pas bien ce que je pourrais faire aujourd'hui à la télé. Mais c'est gentil à eux et je les en remercie. Sincèrement.
G80'S : Vous avez fêté vos 70 ans le 17 octobre dernier .
Avec le recul quel regard portez-vous sur votre parcours ?
F.C : Je pense que j'ai eu beaucoup de chance. Rien ne me préparait à faire ce que j'ai fait à la télé. J'ai pu profiter de chouettes voyages, d'un bon salaire, j'ai croisé des vedettes et des stars internationales et mes collègues, sans forcément partager mes idées, ne m'ont jamais empêché de vivre. Le jour où j'ai choisi de quitter la télé parce que j'étais persuadé que ma présence n'intéressait personne, ni mes employeurs, ni la chaine qui nous diffusait, ni la presse, on m'a laissé partir. Ça s'est fait sans douleur et, étrangement c'est à partir de ce moment là que j'ai découvert que le public m'aimait bien, la presse aussi...

G80'S : Quel est votre regard actuel sur la société et la jeunesse d'aujourd'hui ?
F.C : La société est ce qu'elle est. Ce que j'en pense n'a pas grand intérêt, mais si ça peut rassurer, je me souviens que lorsque j'étais jeune nous étions considérés comme d'épouvantables dangers pour cette fichue société !... La musique que nous écoutions était qualifiée de musique de sauvages ... Les journaux qui nous faisaient rire et qui nous intéressaient dégommaient les stars, les politiciens, les marchands ! Nos copines voulaient pourvoir disposer de leurs ovaires à leur convenance. Nous étions persuadés que les vieux étaient des cons et que nous possédions la vérité... Je n'ai pas trop changé de manière de vivre et de ressentir, sauf que désormais le vieux c'est moi et donc le con... ne doit pas être bien loin...

G80'S : Vous retrouvez-vous parfois l'ancienne équipe du " CLUB DO " ?
F.C : Rarement. Je crois que ça ne nous est pas arrivé depuis deux ans, sinon trois. Je suis souvent sur la route et mes copains ont leur vie... Il n'est pas toujours simple de parvenir à faire coïncider nos horaires de cantine... C'est la vie.

G80'S : Depuis la fin de l'émission vous avez repris le chemin des salles et des concerts.
Quel est votre actu ? Votre promo ?
F.C : J'ai repris ma guitare. J'écris des chansons pour un public amateur de mots et d'idées et comme moi peu sensible à la danse. J'ai publié un bouquin de mémoires " Vous étiez dans Dorothée ? Non j'étais à côté..." J'en profite pour faire ma pub... Il n'en reste qu'une quarantaine d'exemplaires disponibles sur mon site officiel : www.francoiscorbier.com cliquez sur BOUTIQUE. Un nouvel album de chansons verra le jour au début de l'année qui arrive au galop et j'ai un autre bouquin en chantier qui devrait lui aussi débouler dans le courant de l'an 15.

G80'S : Un message pour les membres de GÉNÉRATION 80'S ?
F.C : Soyez heureux et à l'occasion, sortez-vous la tête de ce qui n'existe plus et venez faire un tour dans le présent. Il n'est pas drôle tous les jours, le présent, je vous l'accorde, mais sauf à rencontrer la fée Clochette, il y a peu de chance pour que vous réussissiez à vous réveillez un prochain matin dans les années 90. Et si ça se produit, donnez moi le truc !
Que l'année qui arrive vous apporte la joie, le bonheur et tout ce qui saura vous rendre heureux. Vous le méritez. Je vous aime.

Photo : De gauche à droite : Eric Gombart, Corbier, David Gorthcinski, Alain Chapelain.
Crédit photo : Julie Biet.
INTERVIEW : Laurent Torteroglio.

Jusqu’à fin décembre, Melody vous propose la série "L’année musicale vue par…". Une façon de revisiter l’année écoulée, avec humour et légèreté. Une dizaine d’artistes vous livrent leurs coups de cœur et leurs coups de gueule. Aujourd'hui, place à François CORBIER le chansonnier, qui a fait cette semaine un retour remarqué à la télévision, sur D8 ("Touche pas à mon poste" et "Génération Dorothée"). Sans Avec sa barbe, l'artiste poursuit actuellement ses concerts à travers l'Hexagone (voir sur ce lien).

Extrait de mon journal secret (Samedi 10 janvier 2015)

Mon cher journal.
Il faut que tu me pardonnes si je t'ai un peu oublié cette semaine, mais il y a eu pas mal d'événements qui me sont tombés sur le gras et je n'ai guère eu le temps de te raconter ce qui m'a traversé le crâne en plus des courants d'air ces derniers jours.

Il faut que j'apprenne à me contenir. Les émotions l'emportent trop souvent sur ma raison ! On m'en a fait le reproche et j'ai bien compris que j'avais fait de la peine à plusieurs personnes sans l'avoir cherché. Je crois qu'il faudra que je présente mes excuses et que j'apprenne à désormais conserver mon sang froid.

Demain, dimanche, jour du Seigneur... Ah non ! Bon sang. Il ne faut pas que je dise un truc pareil. " Le Seigneur " ! Je vais encore me faire engueuler. On va me taxer de faire la promo des adorateurs de Yavhé ! Il va falloir que je trouve une autre formule qui tout en informant mon lectorat me permettra de garder la neutralité nécessaire et la bienséance requise sinon je me prophétise un avenir douloureux. Merde ! Est ce que dire "prophétise" ce ne serait pas une manière d'insulte pour quelques musulmans chatouilleux ? Je vais me renseigner, il y a dans le coin de braves garçons en rupture de jihad qui soldent leurs fusils d'assaut au plus offrant. Ils sauront me dire. Demain c'est le lendemain de samedi (là j'ai bon ?) le jour du patron (ouais ! C'est mieux !). Demain, jour du patron, nous allons tirer les Rois ! Hop hop hop... Ça fait référence aux chrétiens ça ! Ah bon sang de bois ! On va me taxer de culbénitisme et d'aucun pourraient aussi y trouver une sorte d'anti cléricalisme primaire. Il faut que je m'applique. Je reprends : Demain, jour du patron, nous allons tirer les monarques (super ! Tirer les monarques... Faire gaffe quand même ça peut aussi laisser croire que j'envisage un attentat contre la Reine d'Angleterre pour laquelle j'ai pourtant, on s'en doute, un immense respect !) Revenons à nos moutons.
Demain, jour du patron nous allons tirer les monarques à midi avant d'aller faire la manif pour la mettre dans le fion de tous les bigots de mes couilles !
Non ! Ça va pas le faire. Trop vulgaire. Bijoux de famille serait plus approprié. Je reprends.
Demain, jour du patron, nous allons tirer les monarques à midi avant d'aller brader chez Ma Tante nos bijoux de famille.
Ouais. Là cette fois je ne vois pas qui pourrait en me lisant tirer la gueule ?

Bon. Ouais, mais la manif ? T'en parles plus alors ?
Et voilà ! Maintenant j'ai tous les gauchos à mes basques... Pas fastoche la vie dans le coin en ce moment.

Mon cher journal

Tu sais, il s'en est passé des choses depuis les crimes de mercredi dernier et chaque jour apporte son lot de petites saloperies. Un type a mis en vente sur EBay d'anciens numéros de Charlie à des tarifs épatants... 2000 Euros le mag ! Comme je suis propriétaire de toute la collection, je vais attendre encore que ça grimpe un peu plus pour la revendre et me gaver les fouilles.

Figure toi que jeudi dernier, le lendemain du crime, il a été fait près de 60 dépôts pour la marque "Je suis Charlie". Je trouve que c'est une véritable chouette idée. J'avais justement un peu de poids à perdre et aussitôt que j'ai appris ça, ça m'a retourné l'estomac. Je suis allé vomir tout de suite. 500 grammes de moins !
Vive le commerce.
Je veux croire que c'est une marque de viande hachée qui l'a emporté ! Ou Mc Do pour faire des nouveaux burgers...

Je l'ai dit partout. A la radio. Dans un journal. Je l'ai même écrit sur mon Facebook. "Il faut malgré la douleur continuer à rire. Le rire libère les poumons, ouvre l'esprit et facilite le transit urinaire ". Du coup je me pisse dessus, je crache mes poumons et mon esprit s'envole comme un pigeon parisien à l'heure d'aller chier quand passe un président...

Ce matin le Grand Mufti d'Egypte a condamné le nouveau numéro de Charlie pour racisme. Je trouve ça rassurant. Déjà en 1942 le Grand Mufti de Jérusalem s'était rallié à Hitler dont on a pu juger la profonde humanité. On dira ce qu'on voudra, je trouve ces gugusses rassurants. Si un jour j'ai un doute j'irais leur demander comment il faut voter.

Bon c'est pas tout, je me souviens qu'à la disparition de Reiser, Cavana avait commandé une couronne sur laquelle il était écrit : "Hara Kiri en vente partout" ou quelque chose de similaire... J'ai donc décidé de faire ma pub en m'appuyant à la fois sur les mercantis, la rigolade et le bon goût :

Jeudi 5 Février, je serai avec Eric Gombart à la guitare, David Gortchinski à la contrebasse et Alain Chapelain à l'accordéon, au Forum Léo Ferré, 11 rue Barbés, à Ivry sur Seine 94200, pour un concert exceptionnel destiné à la promotion de mon nouvel album. Intitulé : "François Corbier - Vieux Lion" dont la parution est imminente. Je te dirai mon cher journal quand et où tu pourras le commander le moment venu, mais ne te prive pas d'en parler déjà.
Forem Léo Ferré, réservations téléphoniques 0146726468.
J'en profite pour signaler qu'entre 19 H et 20 H 15 le Forum propose une petite restauration à prix modéré !
J'ajoute que si un mufti désire assister au spectacle, il sera mon invité à condition qu'il se présente avec le turban et la croix gammée !
Le mot de passe sera : " Je viens de la part de Charlie. "

Mon cher journal je te quitte mais je te confie ce joli dessin que m'a offert un ami. Il a été croqué par Cabu présent dans la salle de l'Olympia lors du concert de Dorothée le 17 Avril 2010. A cette époque il était encore vivant...

Extrait de mon journal secret (Mardi 20 janvier 2015)

Si tu savais comme j'ai pleuré ! ...
Hier une équipe d'une chaine de télévision allemande m'a invité à parler de Cabu. Pour cela elle m'avait donné rendez vous à deux pas de la rue Nicolas-Appert où mes amis se sont fait assassiner.
J'y suis allé d'un bon pied mais lorsque j'ai vu les fleurs, les messages, les couronnes, les crayons, je me suis senti moins costaud que je ne l'avais pensé et, quand la journaliste m'a demandé ce que ça me faisait de me trouver là, dans les dix secondes qui ont suivi je me suis transformé en fontaine et j'ai demandé qu'on interrompe l'interview.

Alors on s'est déplacé jusqu'au bistrot et devant un crème j'ai raconté comment mon adolescence et celle des jeunes gens de ma génération s'était nourri de l'esprit Hara-Kiri-Charlie et combien j'avais aimé la plume et les traits de crayon de Cavana, Reiser, Gébé, Wolinski, Cabu...

L'équipe m'avait demandé d'apporter une photo sur laquelle je figure en compagnie de Cabu. Persuadé de n'en avoir aucune, j'ai tout de même par pure humanité, cherché et, dimanche après avoir retourné mes archives j'ai fini par dégotter celle-ci que j'avais totalement oubliée.

Pour éviter tout malentendu avec d'éventuels Jihadistes ombrageux, j'aurais dû dire à la caméra en montrant cette photo qu'il ne s'agit aucunement d'un cliché destiné à faire du tord à qui que ce soit, et que le personnage à gauche de Cabu n'est pas un prophète, mais un toutou. Je ne l'ai pas fait mais je ne doute pas que toute personne un tant soit peu censée s'en sera rendu compte... Même un jihadiste pourtant aussi con qu'une bite !

La photo : On reconnaitra, outre mézigue en buisson épineux... en partant de ma gauche : Julie Bataille, François Arrignon. Sous ma barbe, Cabu, Doggy Dog (Gaston), Alain Chaufour et, au premier rang, Elfie, Dorothée et Jacky. Cette photo date de 1983.

Petit message à destination des personnes aimables qui me demandent les titres qui figureront dans mon nouvel album. Les voici :

Bécassine
Le repenti
La vague
Alléluia
Lulu
Trop facile
Le cauchemar de François Corbier
Quinze ans
Et toi que j'aime
Les enfants des génies
Le vieux lion
Une bicoque
Le monstre du placard

Le titre général de l'album est : Vieux lion.

Sous réserve de changement de dernière minute, le CD devrait être disponible physiquement, sur mon site officiel dès le 5 février 2015 - www.francoiscorbier.com cliquez sur BOUTIQUE

Pour les parisiens, les banlieusards et les voyageurs de l'hexagone comme ceux des lointaines contrées russes, américaine et belge, je rappelle que je suis avec Eric Gombart (guitare) David Gorthcinski (contrebasse) Alain Chapelain (accordéon) au Forum Léo Ferré, 11 rue Barbés, Ivry sur Seine, le 5 février, pour un concert exceptionnel destiné à présenter le nouvel album.
Qu'on se le dise !

Enregistré A Thou Bout d'Chant le samedi 28 février 2015. Chanson extraite de l'album "Vieux Lion". Paroles & Musique : François Corbier

A 70 ans, cet artiste au service de la musique depuis cinquante ans, sort après ses mémoires Le Vieux Lion, son septième album, dédié à son complice de longue date Cabu.